FP - Pour l’Homme qui se conscientise, il devient aujourd’hui pratiquement impossible de répondre à des questions aussi fondamentales, que la question la plus ancienne, peut-être la plus fondamentale, à savoir : qui suis-je? Il en est de même pour l’injonction socratique : connais-toi, toi-même. Et, ne serait-il pas possible de mettre un ordre virtuel dans ce chaos qui, si l’on s’en tient aux religions par exemple, vont répondre à la question : qui suis-je? Par : je suis un corps physique, animé par une âme, et éventuellement un Esprit. Mais je ne suis pas capable de faire la différence entre l’âme et l’Esprit, je n’ai pas d’information là-dessus.
Si l’on s’en tient aux systèmes de classification hindous, je suis, non plus deux corps ou trois, mais sept : corps physique, corps vital, astral ou émotionnel, mental inférieur et mental supérieur que les hindous appellent causal, et le corps « atmique » et bouddhique. Il y a maintenant en plus, pour ajouter à notre confusion, les psychologues qui nous parlent de l’inconscient, du subconscient, de la conscience et certains même ont parlé de supra-conscience. Est-ce qu’il est possible pour vous, d’établir des équivalences, de remettre de l’ordre ou de faire un système, d’établir un système de comparaison entre ces différentes classifications, ces différentes fonctions ou ces différentes compositions de l’Homme, à partir, peut-être, du corps physique, vous-même, comment est-ce que vous voyez ça?
BdM - Les questions philosophiques de l’Homme vis-à-vis lui-même, à quelque niveau qu’elles soient, demeurent toujours et demeureront toujours des questions philosophiques. Donc, si l’Homme essaie de prendre conscience virtuellement de sa réalité, en fonction de sa matérialité et de ses autres principes, la conscience de cette réalité, qu’il essaie de développer, est toujours une conscience qui est philosophique, donc qui amène l’Homme à penser certaines catégories d’état, et ces catégories d’état ne sont qu’une forme conceptuelle de la réalité.
La conscience, ce que nous connaîtrons dans l’avenir comme de la conscience, ce n’est pas un état philosophique; ce n’est pas un état mental à l’intérieur duquel la philosophie vient à l’aide de l’Homme, pour résoudre les problèmes de l’Homme. La conscience, c’est le mouvement, à travers l’Homme, à travers ses principes, d’une énergie, énergie qui évolue en fonction de ses principes, c’est-à-dire qui passe à travers certains centres d’énergie et qui est décodée, transformée et amenée à la conscience de l’Homme.
L’Homme n’a pas besoin de « philosophiser » sa réalité pour être réel. Il n’a pas besoin de « philosophiser » sur les catégories existentielles ou paranormales de sa conscience, pour être réel. C’est une illusion mentale, psychologique, spirituelle, de l’Homme ancien. Ça fait partie de l’activité du mental inférieur de l’Homme, et la conscience elle, lorsqu’elle sera en évolution sur le plan matériel, cette nouvelle conscience, la conscience du nouvel Homme, ne sera pas forcée pour s’intégrer ou pour être intégrée, à questionner l’origine, la nature, les catégories, ou l’organisation systémique, de l’Homme.
Socrate et ceux qui ont posé les questions, vis-à-vis soi-même, sont des Hommes qui ont cherché à venir ou à revenir à la source, afin de pouvoir donner à la source une catégorie existentielle. Mais çà, ça fait partie de l’involution. Dans l’avenir, l’Homme de la nouvelle évolution ne pourra même plus penser aux questions philosophiques de l’Homme ancien; il n’aura plus cette capacité, parce qu’il ne fonctionnera plus ainsi.
Donc, sa conscience, sa conscience supramentale, sa conscience paranormale, sa conscience universelle, sa conscience intégrée, sera elle-même l’activité créative, générative, d’une énergie à travers ses centres, et ceci fera éclater, chez l’Homme, le besoin de développer une échelle comparative de ses principes; ceci fera éclater, chez l’Homme, le besoin de pouvoir découvrir, au niveau de son mental, à travers le monde des concepts, des idées qui conviennent à la structure énergétique de son psychisme, c’est une illusion…
FP - Je comprends votre…
BdM - La plante ne se demande pas si elle possède des fleurs, si elle possède des feuilles, si elle possède des pistils; la plante, elle est intégrale. Nous devons en arriver à renverser la vapeur de la conscience humaine. Nous ne pouvons pas continuellement exposer, pour des raisons philosophiques, des catégories qui décrivent certains aspects particuliers de l’organisation interne de l’Homme.
Ça donne quoi, à l’Homme, de parler d’un plan causal, s’il n’est pas dessus?
Ça donne quoi, à l’Homme, de parler d’un plan astral, s’il n’est pas dedans?
Ça donne quoi, à l’Homme, de parler d’un plan mental, s’il n’en connaît pas l’infinité?
Autrement dit, l’Homme ne fonctionne pas à la limite ou en dehors de sa mentation, il fonctionne toujours à l’intérieur de sa mentation.
Donc, il n’a aucune faculté de conscience qui relève du contact direct entre ses principes et sa réalité humaine, donc, il fait de la philosophie. L’Homme parle avant le temps. L’Homme regarde avec le mental, avant le temps.
L’Homme doit en arriver à vivre sa conscience sur le plan matériel; s’il change de plan, il la vit sur ce plan, s’il change de plan, il la vit sur ce plan, s’il change de plan, il la vit sur un autre plan. Mais, il doit en arriver à ne pas « philosophiser » sur la nature ou les structures internes de son organisation psychique, c’est une perte de temps…
Vous, vous êtes dans la matière, vous fonctionnez aujourd’hui dans la matière; si demain, vous allez sur un autre plan, vous fonctionnez en raison de cet autre plan, mais si vous passez votre vie à questionner ou à vouloir arriver à l’origine de l’Homme ou à votre origine en pensant à des catégories existentielles, ou à des catégories de conscience, ou à des catégories de principes, ça ne vous apportera rien, ça ne fera de vous qu’un philosophe.
Et l’Homme doit dépasser le stage de la philosophie; il doit dépasser le stage de la manipulation des concepts pour le bénéfice personnel, spirituel, de son ego assoiffé de connaissances. L’Homme doit en arriver à vivre l’intégration de l’énergie avec ses principes, et si cette énergie élève le taux vibratoire de ses centres, automatiquement l’Homme passe d’une phase de conscience à une autre phase de conscience, à une autre phase de conscience.
Donc, dans le nouveau cycle d’évolution, toutes les doctrines philosophiques, ésotériques, occultes, de l’humanité, qui conviennent à la nature psychologique de l’Homme, de ce temps-là ou de ces temps-là, seront totalement renversées, parce que l’Homme lui-même n’aura plus besoin de ces doctrines, ou de ces concepts, ou de ces formes de pensée, pour en arriver à vivre une conscience qui soit intégrale à la manifestation énergétique et vibratoire de l’énergie.
C’est un peu comme le phénomène de l’automobile, il y a des gens qui vont apprendre à conduire l’automobile, ils vont passer des tests, ils vont lire les manuels assidûment, mais ça prendra peut-être quatre, cinq années avant que le bonhomme lui-même, réellement, conduise l’automobile bien, qu’il la connaisse bien l’automobile. Ce n’est pas en lisant le matériel dans le livre qu’il va bien connaître l’automobile, mais après l’expérience de quelques années, il va bien connaître l’automobile. Et même dans ce temps-là, il fera des choses, dans l’automobile, qu’il ne ferait pas s’il lisait le livre. C’est la même chose au niveau de l’Homme.
Nous avons essayé pendant des millénaires, de lire l’Homme philosophiquement; nous avons essayé de le comprendre en fonction de la lecture que nous avions et en relation avec les expériences antérieures et occultes de certains Hommes, qui nous ont fourni de l’information, ceci est bien. Mais l’information que ces Hommes nous ont fournie, les Hommes qui ont réalisé l’aspect causal de l’Homme, les Hommes qui ont réalisé l’aspect astral de l’Homme, les Hommes qui ont réalisé différents aspects internes et occultes de l’Homme, ce qu’ils ont réalisé, ils l’ont réalisé pour eux-mêmes, monsieur.
Et nous, nous venons ensuite, étudier ce que ces Hommes ont vécu en tant que conscience, et nous voulons vivre la même chose, nous voulons faire la même chose. Et c’est très très subtil, non pas le danger de ceci, mais la perte d’énergie de ceci. L’Homme a une vie à vivre. Les Hommes qui ont la capacité créative, le pouvoir évolutif de passer d’un plan de conscience à un autre, ils vont passer d’un plan de conscience à un autre.
Ce n’est pas en recherchant les catégories matérielles de l’Homme ou psychiques de l’Homme qu’ils vont en arriver à cette conscience. La conscience domine l’évolution de l’Homme. Ce n’est pas l’Homme qui s’impose ou qui se donne ou qui va chercher, dans l’évolution, ce qu’il a lu dans les livres.
Donc, en ce qui me concerne, toutes les envolées philosophiques, toutes les questions philosophiques de l’Homme ancien, malgré leur beauté, leur profondeur, étaient des questions philosophiques posées par des Hommes qui étaient eux-mêmes à la pointe de leur propre expérience, et qui donnaient à l’Homme une sorte de vision sur son devenir. Mais l’évolution de l’Homme ancien n’est pas comme aujourd’hui. Pendant l’involution, il y avait des maîtres; il y avait des Hommes qui enseignaient à l’Homme comment en arriver à certaines expériences internes.
Mais dans la future évolution de l’Homme, ce ne sera pas ainsi. Il n’y aura pas de maîtres qui vont enseigner à l’Homme comment en arriver à l’expérience interne, parce que l’expérience interne va être totalement transformée, puisque les catégories de pensée, les modes de pensée, les façons de penser, les expressions de la conscience à travers l’Homme ancien ne seront plus là pour donner à l’Homme l’illusion d’être sur un plan ou la réalité d’être sur un plan qui est illusoire.
L’Homme sera dans une autre conscience; donc, les conditions anciennes de nos questions, dans l’avenir, elles ne seront plus pour l’Homme importantes, parce que l’Homme n’aura plus la même conscience, c’est-à-dire qu’il n’aura plus la même relation, sur le plan égoïque et sur le plan de l’énergie, qu’il avait auparavant.
Auparavant, lorsque l’Homme était sur le plan de l’ego, il fonctionnait en relation avec le monde de la pensée qui était déjà conditionné par des intelligences dans les plans parallèles.
Mais, dans la prochaine évolution, les pensées qui viendront au cerveau de l’Homme seront des pensées évaluées par l’Homme, gardées par l’Homme ou mises de côté par l’Homme. C’est l’Homme lui-même qui aura la faculté d’évaluer ce qui lui vient comme information. Et, même les pensées qui lui viendront, comme de l’information interne, ne changeront absolument rien à sa nature. Je prends ma propre expérience; moi, je me considère un Homme conscient, j’ai vécu une expérience en 1969 de fusion, et plus j’avance dans le temps, plus j’avance dans le temps, moins je me préoccupe de la nature de l’Homme.
Quand je parle de l’Homme, je parle de moi-même, je ne me préoccupe plus de ma nature, pourquoi?
Parce que j’ai perdu la faculté inférieure de la pensée subjective, qui a toujours été, à la fois pour l’Homme, son mouvement vers l’avant et à la fois son mouvement vers l’arrière.
FP - Je comprends et j’accepte votre point de vue, mais je constate aussi le décalage qu’il peut y avoir entre votre point de vue qui est, par rapport au nôtre, celui de l’avenir, mais dans le temps présent, dans notre progression à nous, tenant compte du décalage qu’il peut y avoir entre un Homme qui est passé par le stade de la fusion à l’intégration, et l’Homme ancien ou l’Homme qui est en train de se conscientiser, il a tout de même besoin de repères ou de jalons sur sa route, sur son chemin.
BdM - Les jalons dont l’Homme a besoin sur son chemin, ce sont les jalons qui lui seront donnés au fur et à mesure qu’il entrera en contact avec des Hommes, sur la Terre, qui ne font pas partie de l’ancienne évolution. Tant que l’Homme sera en contact, sur la Terre, avec des Hommes qui font partie de l’ancienne évolution, les jalons qu’il verra sur sa route, ce seront des jalons qui sont entachés du passé. Donc, ce seront des jalons qui le garderont encore à l’intérieur de la limite de l’Homme spirituel, qui recherche une voie pour l’évolution de sa conscience. C’est l’une des grandes illusions de l’Homme spirituel…
Le temps de l’intégration, ou le temps de la fusion, ou le temps de la réunion entre l’énergie et l’Homme, ne demande pas à l’Homme s’il est prêt ou non; l’Homme, il a déjà été préparé; le mouvement involutif de l’Homme vers la recherche socratique l’a préparé au cours de son expérience antérieure. Maintenant, il y a des Hommes, sur la Terre, qui sont prêts à la fusion.
Une fois que l’Homme est prêt à la fusion, il est amené à dépasser toutes les conditions antérieures de son involution, même si ces conditions antérieures étaient spirituellement positives, pour l’amener à rompre complètement avec ces données, c’est-à-dire pour l’amener à ne vivre que de l’énergie en lui, au lieu de vivre philosophiquement attaché à des fils invisibles qui sont des pensées qui relèvent, dans le passé historique de l’Homme, de certaines expériences, de certains modes d’expérience qui, au cours de l’évolution future, seront repassés, ressassés et réajustés, afin que l’Homme ne soit plus prisonnier d’aucune forme d’illusion concernant la constitutionnalité de ces plans invisibles.
Ce n’est pas parce que les anciens ont dit, ont parlé du plan causal, ou que les anciens ont parlé du plan mental inférieur, ou que les anciens ont parlé du plan astral, ou que les anciens ont parlé de tels plans, que la nature de l’Homme, elle est ainsi. Ce n’est pas parce que les anciens ont établi la nature ésotérique ou occulte de l’Homme, que l’Homme nouveau découvrira une même réalité. Ce n’est pas parce qu’il y a eu continuité dans la pensée ésotérique ou occulte ou métaphysique pendant des milliers d’années, pendant l’involution, que dans l’évolution la même pensée existera.
FP - N’y a-t-il pas, au moins au niveau du vocabulaire ou de la transmission de l’information, une nécessité d’établir des points de repères? Simplement, lorsque vous parlez et que vous faites allusion au corps astral ou au corps mental, il faut que, pour moi, il y ait une représentation dans mon mental à moi, pour pouvoir situer ce que vous dites.
BdM - Oui, lorsque j’emploie des termes ou des catégories, vous permettant de vous situer vis-à-vis ce que je dis, dans le fond, vous ne vous situez pas vis-à-vis ce que je dis, vous employez simplement un concept et vous utilisez ce concept pour véhiculer, à travers votre propre énergie, une autre énergie qui vous permet d’aller plus loin dans la constatation des faits qui font partie de la créativité de votre intelligence.
Vous n’êtes pas un philosophe; ce n’est pas la qualité de votre Esprit de faire de la philosophie. Si vous étiez philosophe, nous ne serions pas ensemble. Je considère que vous avez un Esprit créatif, qui se sert de la mémoire ancienne pour amener, vers l’Homme, de la connaissance, lui permettant ainsi d’ajuster lentement, graduellement, au cours des années, la connaissance ancienne avec l’instruction nouvelle, c’est-à-dire l’apport entre l’énergie et le mental qui vient dans le temps nouveau et qui fait partie de mon activité pour le temps présent.
Les mots dont nous nous servons, les mots que nous utilisons sont simplement des formes; ce ne sont pas les formes qui sont, pour nous, importantes, parce que plus nous allons avancer, plus nous allons défaire les formes qu’aujourd’hui, nous utilisons pour nous conformer à l’ancienneté. Et c’est ça, que j’essaie de faire comprendre.
Je vous donne un exemple : nous parlons du plan mental… Non, parlons du plan causal, pour faire plaisir à ceux qui sont avancés dans l’occultisme. Le plan causal, pour l’Homme occulte, c’est la relation entre le mental et un certain niveau d’énergie qui est directement ou très près du plan de la matière. Ça, c’est la constatation psychologique, occulte, de l’Homme ancien.
Mais, si nous allons plus loin dans le temps et que nous vérifions qu’est-ce que c’est le plan causal, nous sommes obligés d’utiliser, pour le vérifier, pour en parler, pour le constater, des formes d’énergie, c’est-à-dire des pensées qui ne sont pas assujetties, d’aucune façon, à l’entendement primitif de la conscience astrale de l’Homme.
Pour réellement savoir qu’est-ce que c’est le plan causal, pour en comprendre toutes les coordonnées, pour pouvoir en réaliser les aspects à partir de la parole, sans nécessairement y avoir accès sur le plan de l’expérience, nous sommes obligés, d’abord, d’en avoir l’expérience. Vous ne pouvez pas avoir l’expérience de quelque chose et en parler simplement en paroles et établir une conjugaison parfaite entre la parole et l’expérience.
Donc, il nous faut, en tant qu’Homme, savoir que tous les Hommes ont un plan d’activité de conscience qu’on appelle le plan d’activité de conscience causal, tous les Hommes… Mais, qu’est-ce qui empêche les Hommes de savoir ou d’avoir accès à ce plan d’activité, dit causal, c’est le fait qu’ils n’ont pas la parole pour éliminer, de leur conscience, la pensée matérielle, sensorielle, inférieure, qui bloque leur capacité de s’introduire, par le mental, dans ce plan d’énergie et d’aller chercher l’information dont ils ont besoin pour expliquer ce plan-là.
Et ayant expliqué ce plan-là, ensuite ils ont la vibration pour intégrer la même énergie. Donc, ils se savent eux-mêmes, ils se connaissent eux-mêmes, en fonction de ce plan-là.
Donc, la recherche socratique, le mouvement socratique qui veut que l’Homme se sache lui-même n’existe plus. L’Homme n’a pas à se savoir lui-même. Se savoir lui-même, c’est une façon de penser qui fait partie de l’activité astrale, sur le mental de l’Homme, qui n’a pas pris conscience de la réalité causale de son Esprit. Donc, automatiquement, se chercher soi-même, qui dans le passé était bon philosophiquement pour l’évolution de l’humanité, l’évolution des systèmes religieux, philosophiques et métaphysiques... pour l’Homme de l’avenir, ça n’existera plus.
Parce que, se chercher soi-même, ça veut dire quoi?
Ça veut dire essayer de trouver, dans la conscience de l’Homme, de notre propre conscience à soi, les aspects qui sont absolus.
Et, l’Homme ne peut pas arriver à la découverte des aspects, en lui-même, qui sont absolus, en passant par des moyens qui sont absolument relatifs; il est obligé de vivre la relation avec l’absolu. Et, vivre la relation, pour l’Homme nouveau, avec l’absolu, c’est être en relation étroite, directe, avec l’énergie qui soutient tous ces supposés plans de conscience. Et lorsque l’énergie soutient ces plans de conscience et éventuellement descend et élève le taux vibratoire de la conscience mentale de l’Homme, à ce moment-là, l’Homme, il se sait.
Mais, qu’est-ce que ça veut dire, pour un Homme conscient, de se savoir?
Moi, si vous me dites : est-ce que vous vous savez?
Est-ce que vous vous connaissez?
Vous êtes supposé être un Homme conscient?
Je vous dirai : moi, je suis, je suis ce que je suis. Je n’ai pas le temps, je n’ai pas d’énergie à perdre à me demander si ce que je suis, c’est ce que je devrais être. Je suis ce que je suis, autrement dit, il n’y a plus d’espace entre ma réalité sur les autres plans et ma réalité sur ce plan-ci. Et c’est ça qui répond à la question philosophique socratique.
FP - Mais d’où vient alors l’interrogation : qui suis-je?
BdM - L’interrogation qui suis-je, elle vient de l’imposition, de l’implantation, dans le plan mental de l’Homme, d’une pensée qui fait partie de l’activité de certaines intelligences sur d’autres plans qui s’occupent de l’évolution de l’Homme. Ce sont les intelligences sur les autres plans qui s’occupent de l’évolution de l’Homme pendant des millénaires. Mais, vient un point où l’Homme doit s’occuper de sa propre évolution.
Mais, quand est-ce que l’Homme s’occupe de sa propre évolution?
Quand est-ce que l’Homme ne vit plus, n’a plus besoin de vivre des implantations ou une programmation mentale dans son cerveau?
FP - Quand il ne s’interroge plus...
BdM - C’est quand il ne s’interroge plus. Et vous dites ceci avec facilité, mais je vous assure que ne plus s’interroger, ne pas s’interroger, ne pas être capable de s’interroger, c’est, pour l’ego, le test de sa relation avec son énergie, et c’est à la fois pour l’Homme, la réalisation instantanée qu’il est présent sur tous les plans; donc, il n’a pas à se casser la tête.
Ne pas se casser la tête, parce qu’il est sur tous les plans. Et si le taux vibratoire de ses énergies change, il se trouve sur le plan, et le taux vibratoire de l’énergie change encore, il se trouve sur un autre plan. Mais, quand il est sur ces plans, il n’a plus à vérifier où il est, il le sait; il n’a plus à s’interroger où il est, il le sait; il est intégré. Et c’est ça, la nouvelle évolution.
J’ai beaucoup de respect pour les anciens qui ont posé ces questions fondamentales; ça faisait partie du devenir de l’Homme; ça faisait partie de l’ignorance de l’Homme; ça faisait partie de la solitude de l’Homme; ça faisait partie de la recherche de l’Homme; ça faisait partie du fait que l’Homme était, inconsciemment, manipulé par d’autres plans, qui lui donnaient des pensées créatives, des pensées suffisamment hautes en vibration pour amener l’humanité à se sortir de la situation plus primitive qu’elle était ou qu’elle vivait auparavant; ça faisait partie de l’involution.
Mais l’Homme de demain, l’Homme de la nouvelle évolution, ne sera pas alourdi, dans sa vie, par cette fameuse question socratique : “connais-toi, toi-même”.
Regardez Shakespeare. Shakespeare dit : “être ou ne pas être”, « that is the question », être ou ne pas être; c’est une question existentielle. C’est une question existentielle qui était tellement importante pour l’Homme, parce qu’elle existe dans tous les Hommes, qu’elle est devenue presque une question de principe de vie dans le monde occidental.
Mais dans le fond, être ou ne pas être, ça n’a aucune importance pour un Homme conscient; parce qu’un Homme qui est conscient, il est « anyway », il est au-dessus de la question, d’être ou de ne pas être. Un Homme inconscient, il est obligé de se poser la question d’être ou de ne pas être, parce qu’il n’est pas. Mais s’il était, il ne se poserait jamais cette question. Donc, cette question de principe de vie philosophique qui a été posée par Shakespeare, elle n’a aucune importance pour un Homme conscient, mais elle a beaucoup d’importance philosophique pour l’Homme inconscient.
Et c’est la même chose pour toutes les questions; les questions viennent d’où?
Les questions ne viennent pas de l’Homme; les questions sont implantées dans le mental de l’Homme.
Si l’Homme était conscient, il n’aurait pas de question. S’il avait à étudier quelque chose, s’il avait à découvrir quelque chose, s’il avait à savoir quelque chose, il le dirait, il le dirait. Un Homme conscient, un Homme qui est créatif, un Homme qui est intégré, il ne demande pas de question, il parle. Et d’ailleurs, c’est par la parole que l’Homme nouveau répondra aux questions des Hommes, c’est par la parole. Il n’aura pas lui-même de question puisqu’il sera intégré, puisqu’il sera dans son énergie, puisqu’il n’y aura pas de division en lui, entre le plan de tel nom, le plan de tel nom et le plan de tel nom.
FP - Mais, l’Homme qui, aujourd’hui, vit une conscience primitive, expérimentale, il est fasciné par les mots, des mots tels que, Esprit ou astral.
BdM - Mais oui, mais il est fasciné par les mots, c’est normal… Ce n’est pas de ma faute si l’Homme est fasciné par les mots. Je suis en train de lui dire, à l’Homme, qu’il en arrive un jour à se défasciner. L’Homme doit, un jour, ne plus être fasciné par quoi que ce soit. S’il est fasciné par les mots, ça fait partie de son expérience. Je ne peux pas, moi, parce que l’Homme est fasciné par les mots, continuer sa fascination. Je ne peux pas aider à sa fascination, sinon je continue le mouvement de l’involution. Donc, je dois changer la polarité de la fascination. Je dois l’amener à réaliser que la fascination n’est qu’une habitude d’esprit que vit l’Homme, parce qu’il n’est pas suffisamment dans son énergie.
S’il était dans son énergie, il ne serait jamais fasciné; fasciné de quoi?
Si l’Homme fait partie de la vie, il a à être fasciné par quoi?
Il fait déjà partie de la vie; il est dans la vie; il est peut-être même un maître de la vie; un maître de la vie n’est pas fasciné par la vie.
La fascination de la vie, la fascination par la vie, ça fait partie de l’expérience existentielle de l’Homme qui se pose une question ou qui pose une question devant l’infinité, parce qu’il n’est pas capable de répondre à l’infinité. Si l’Homme savait qu’est-ce que c’est l’infinité; s’il était capable de parler de l’infinité; s’il était capable de répondre à des questions vis-à-vis l’infinité, l’Homme n’aurait jamais de questions fascinantes dans son mental. Il aurait des réponses merveilleuses, mais il n’aurait jamais de questions fascinantes.
Donc, l’Homme doit en arriver à avoir des réponses merveilleuses, mais jamais de questions fascinantes. À ce moment-là, il brisera avec l’involution; il se séparera des maîtres qui ont fait un très grand travail; il se séparera des doctrines qui ont été nécessaires et il entrera dans son énergie. Donc, il entrera dans l’énergie de l’intelligence au lieu de se gâter le palais avec des concepts intelligents. Il y a une grande différence entre l’énergie de l’intelligence et les concepts intelligents. Les concepts font partie de l’involution. L’énergie de l’intelligence fait partie de l’évolution.
Et lorsqu’un Homme est dans l’intelligence créative, lorsqu’il est dans son énergie créative, automatiquement, sa conscience, elle est amenée à ouvrir des horizons, donc à créer ce que nous appelons, entre parenthèses, de l’intelligence ou une phénoménologie de l’intelligence. Mais, l’Homme lui-même n’est pas pris, épris, fasciné par de l’intelligence, par des idées ou par des concepts.
FP - Oh, mais sans même aller jusqu’à se gaver de concepts, tout simplement au niveau du vocabulaire, est-ce qu’il n’y aurait pas avantage à expliquer les mots qui les fascinent pour désamorcer leur charge émotive qu’ils contiennent et peut-être supprimer cette tour de Babel du vocabulaire, aujourd’hui? On n’a plus de moyen de communication, puisqu’il y a de tels décalages entre chaque concept. Est-ce qu’il ne serait pas préférable, à ce moment-là de les reclarifier?
BdM - Vous dites que nous n’avons pas de moyen de communication, parce qu’il y a tellement de décalages entre les concepts. Ce n’est pas la raison pour laquelle nous n’avons pas de moyen de communication. Chaque Homme possède, en lui, ce qu’on pourrait appeler une intelligence intuitive, c’est-à-dire une intelligence qui est réellement vibratoire, chaque Homme, tous les Hommes.
Et les Hommes, un jour, doivent en arriver à pouvoir vivre, sentir, percevoir, cette intelligence intuitive ou vibratoire. Mais, s’ils font ça, quels que soient les concepts, ils ne seront pas retardés dans leur mouvement de conscientisation. Mais si les Hommes croient, parce que les concepts sont définis, qu’il y a une plus grande universalité dans la définition des concepts, que ceci les amènera à une conscience supérieure, c’est une très grande illusion. Ce n’est pas par le concept que l’Homme sera amené à la conscience, ce sera par la sensibilité vibratoire de son Être à la forme du concept, ce n’est pas le concept, le concept n’est qu’une forme. Si l’Homme s’attache à la forme, il perd contact avec son énergie.
Et c’est pourquoi, je ne peux pas, moi, aller dans la direction d’expliquer ou de faire plaisir à l’Homme et d’expliquer le concept du causal, le concept de l’astral, le concept du mental inférieur, le concept du plan bouddhique; parce que ça donne rien… C’est une perte de temps…
Si je fais ceci, je ne fais qu’aggraver la situation, je ne fais qu’étendre la tache d’huile, elle est déjà suffisamment étendue. Il y a suffisamment de personnes qui ont écrit sur ces concepts, pourquoi moi?
FP - Il y en a peut-être un peu trop.
BdM - Il y en a peut-être trop, alors pourquoi moi je le ferais?
Il y en a en masse… C’est plein… Et nous en sommes rendus à un point où c’est le mouvement opposé que nous devons faire; et c’est ça que nous devons comprendre; nous devons faire le mouvement opposé. Je n’ai rien contre l’explication du plan causal, je vais l’expliquer selon ma vibration.
FP - Mais selon votre vibration.
BdM - Selon ma vibration, donc je risque encore, automatiquement, d’agrandir la tache d’huile.
FP - Le danger, c’est qu’on épouse, à ce moment-là, votre concept ou votre vibration.
BdM - Ah, voilà! Exactement... Exactement… Donc, si moi, à cause du fait que j’ai une capacité de parler qui n’est pas normale, je commence à parler du plan ci, du plan ça, donc on va avoir tendance à épouser un mode de pensée ou un mode d’explication, donc on fera une autre philosophie avec ce que moi je dit; je ne veux pas ça. Je veux, finalement, amener l’Homme à réaliser qu’il n’a pas besoin de ça. Que ça, c’est plaisant pour le mental, ça fait partie du corps de désirs de l’esprit de l’Homme; ça lui permet de se relaxer pendant qu’il est en recherche.
FP - Jusqu’à un certain point.
BdM - Mais lorsqu’il est dans sa vibration, il n’a plus besoin de ça. Je regardais cette semaine un livre; un livre dont j’ai parlé dans le public; un livre que je considère un grand livre dans le monde. J’ai ouvert le volume et je l’ai refermé; j’avais le goût de vomir. Et je n’avais pas le goût de vomir parce que ce n’est pas un grand livre; j’avais le goût de vomir parce que je suis trop au-delà de la forme. Je ne suis plus capable d’absorber la forme conceptuelle, parce que je vois à travers.
Donc, étant ce que je suis, je fais le partage des choses et je dis : ce livre, pour l’Homme qui est encore au stage de la recherche socratique, il est fameux, et en même temps, je dis : celui qui en arrivera un jour à être dans sa vibration, dans son intelligence interne, intuitive, il sera obligé lui aussi de le fermer. J’ai fait des tests avec des gens qui étaient très, très, pâmés de ce livre, qui enseignaient ce livre, qui en parlaient dans le public de ce livre, qui voulaient même en faire une école de ce livre, et je disais : dans deux ans, vous fermerez le livre.
Et effectivement, aujourd’hui, ils ferment le livre. Et c’est ça que l’Homme doit comprendre. Il doit comprendre qu’une échelle contient des valeurs, et que rendu à un certain niveau de l’évolution sur l’échelle, tu n’as plus besoin de ces concepts. Ils ont servi dans le passé, et dans le nouveau temps, l’Homme ne peut pas véhiculer la même énergie à travers des formes qui sont soit parallèles, ou même plus exactes, parce que ça ne sert plus.
Vous savez que la différence entre la conscience supramentale de la nouvelle évolution fait partie du mystère de l’Homme. Donc, la conscience supramentale, ce que nous appelons aujourd’hui la conscience supramentale, pour lui donner un nom simplement, fait partie du mystère de l’Homme. Et si ça fait partie du mystère de l’Homme, ça veut dire que l’Homme, au fur et à mesure qu’il avancera en sensibilité interne, qu’il avancera vis-à-vis l’évolution, découvrira des aspects de ce mystère, et il découvrira, à l’intérieur de ces aspects, des facettes de la réalité qu’il n’aurait jamais pu, auparavant, s’imaginer au niveau ou sur le plan conceptuel.
Et quand je parle de ceci, je parle en fonction de ce que nous appelons le mot Dieu, en fonction de ce que nous appelons le temps, l’espace, le feu, le magnétisme, l’âme, l’Esprit, l’atome. L’Homme découvrira, au fur et à mesure qu’il sera capable de supporter le vide, c’est-à-dire simplement l’énergie, sans concept, sans besoin de concept, il découvrira la réalité par la parole et il ira dans les plans de la réalité par le mouvement de son corps causal, entre parenthèses…
FP - Est-ce que la découverte de la compréhension de ces phénomènes, que vous avez cités, amène l’Homme à une vision multiple ou bien unitaire?
BdM - Elle amène l’Homme à une vision à la fois multiple et à la fois unitaire, mais elle est multiple d’abord. Il faut se méfier de la vision unitaire des choses. La vision unitaire des choses est une vision, que recherche ou qu’a recherché l’Homme spirituel, afin d’unifier le cosmos. Tandis que l’Homme conscient, l’Homme supramental, n’est pas intéressé à unifier le cosmos, puisqu’il est présent sur un plan à la fois et sur sept plans à la fois.
Donc, s’il est présent sur un plan à la fois, c’est-à-dire qu’il y a en lui une manifestation de son énergie maximale sur ce plan-là; s’il est présent sur sept plans à la fois, c’est qu’il y a division entre les plans pour récupération sur un plan, afin qu’un plan serve à l’évolution et que les autres plans servent à la maintenance temporaire des liens universels entre les plans les plus subtils et le plan le plus dense, pour qu’il y ait vie sur ce plan-là.
Donc, l’Homme conscient de demain aura une vue multiple d’abord, c’est-à-dire qu’il sera capable de voir d’une façon très, très, vaste, la relation entre toutes les choses, mais une relation entre toutes les choses qui permettra aux choses de maintenir l’aspect figuratif de leur conjonction temporelle à l’intérieur de la matière des plans où ils seront situés. Tandis que dans le passé, l’Homme cherchait, à cause de son état spirituel, à unifier toutes ces choses, et il l’a fait à travers la drogue, c’était la même chose.
Il a essayé d’unifier les choses, et pourquoi l’Homme veut unifier les choses?
Parce que lui-même n’est pas un. Si l’Homme était un, il ne chercherait pas à unifier les choses; il chercherait à faire exploser dans le cosmos les choses, à vérifier et à regarder l’interrelationnel entre les choses, afin de pouvoir mieux participer, sur le plan de la dynamique évolutive, à la construction des mondes en relation un avec l’autre, afin de pouvoir donner plus d’expansion à l’espace et de permettre ainsi au temps de relancer ces fonctions en relation avec la bioconscience de l’Homme.
Tandis que dans le passé, l’Homme cherchait plutôt l’unification des choses, parce que lui était désuni. Tandis que l’Homme nouveau sera intégré, donc il sera lui-même unifié. Donc, étant unifié, il cherchera plutôt à vivre et à bénéficier de la multiplicité des choses. Et, c’est pourquoi je dis que dans l’évolution future, la conscience de l’Homme sera différente. La recherche spirituelle socratique de l’Homme sera différente.
Autant l’Homme ancien, l’Homme de l’involution a cherché à unifier, autant l’Homme nouveau de l’évolution bénéficiera de la multiplicité et cherchera, dans la construction interne de tous ses aspects, des clés à la légende de la science.
Et ayant trouvé les clés à la légende de la science, il découvrira des mesures d’Êtreté sur tous les plans, en relation avec tous les organismes, en relation avec tous les plans des sous-plans, et il pourra ainsi construire une science cosmique qui lui permettra, à ce moment-là, de bénéficier des sept plans de la création.
FP - Donc, la vision unitaire répond encore une fois à une tentative de l’ego de se sécuriser.
BdM - Mais oui, mais oui, la vision unitaire, c’est une tentative de l’ego de se sécuriser, vous l’avez bien dit, et personne ne peut le dire mieux que vous... C’est ça!
FP - Et le fait de vouloir mettre de l’ordre ou de catégoriser les concepts également, ça revient un petit peu à ça.
BdM - La même chose…
FP - Et donc ce chaos, cet aspect chaotique de la pensée est peut-être nécessaire pour arriver à un certain seuil de saturation ou d’explosion.
BdM - Oui, à un seuil de saturation. Un Homme qui est conscient, si vous lui arrivez avec un concept, il sentira la limite du concept; il verra la valeur du concept, parce que tous les concepts ont une valeur, mais il ne perdra pas d’énergie égoïque à vous dire : j’ai un autre concept, mieux que celui-là. Donc, si vous, pour satisfaire votre mouvement spirituel, votre mouvement philosophique, vous êtes arrivé à bénéficier de certains concepts, pourquoi vous les enlever... Donc, un Homme conscient prendra les concepts que vous lui présentez et il dira : oui, oui, c’est intéressant, bah bah, bah bah… Et s’il rencontre un autre Homme qui fait la même démarche que vous, il dira : oui, oui, ça va…
Donc, l’universalité de la conscience de l’Homme, quelle est sa beauté?
Sa beauté réside dans le fait qu’elle est capable de s’adapter à tous les concepts.
Donc, il ne s’agit pas de changer les concepts, il s’agit de réaliser que chaque concept a une fonction vibratoire qui s’adapte à un niveau d’évolution. Donc, il y a des concepts qui sont très bons pour certains Hommes; d’autres concepts qui sont très bons pour certains Hommes; d’autres concepts qui sont très bons pour certains Hommes. Je vais vous dire que dans le monde occidental, un des Hommes qui a fait le plus pour la manifestation, pour la descente, pour la diffusion de l’ésotérisme, de la pensée ésotérique, ça a été Lopsang Rampa.
FP - Oui, parce qu’il a été capable de vulgariser l’ésotérisme.
BdM - Ah! Voilà! Mais nombreux sont ceux qui diraient : ben ce que Lopsang Rampa a écrit... Le point n’est pas là, le point est que Lopsang Rampa a développé des idées, des concepts, pour l’Homme de la rue; et il y a d’autres concepts pour l’Homme du trottoir; il y a d’autres concepts pour l’Homme de la maison; il y a d’autres concepts pour l’Homme dans l’opinion; il y a d’autres concepts pour l’Homme dans la tour d’ivoire. Et l’Homme qui est dans l’espace mental, qui est libre, qui est conscient, n’a plus de concepts. Il se sert de tous les concepts, il dit : oui, c’est bien, c’est intéressant… Oui, c’est bien, c’est intéressant… Et c’est ça qu’il faut découvrir.
Il ne faut pas unifier la connaissance, il faut la rendre créative à travers sa multiplicité. Il faut être capable de regarder les concepts de l’Orient, les concepts de l’Occident et voir à l’intérieur de ces concepts, à travers la créativité du mental, leurs fonctions créatives à leur niveau, mais ne jamais être prisonniers des concepts occidentaux ou des concepts orientaux, sinon nous sommes des esclaves; sinon nous sommes des suiveux; sinon nous n’avons aucune intelligence créative.
Mais, si nous sommes capables de regarder tous les concepts dans le monde, toutes les philosophies, toutes les psychologies, toutes les métaphysiques, toutes les doctrines occultes, et pouvoir jouer avec ces concepts, et s’en servir pour ceux qui en ont besoin, il dira : ben écoutez, j’ai un concept pour vous qui est intéressant; pour vous, ça prend un certain concept; pour vous, ça prend un autre concept; pour vous, Monsieur, ça prend un tel concept. Là, c’est ça, de l’intelligence créative.
C’est pourquoi je dis : de l’intelligence, ce n’est pas de l’intelligence; de l’intelligence, c’est le mouvement de l’énergie à travers le mental. Donc, si nous nous occupons de nous, sur le plan de la conscience, en fonction de l’énergie à travers le mental, ce n’est plus important que la connaissance soit unifiée dans le monde, elle ne le sera jamais.
La connaissance ne peut pas être unifiée, puisque la connaissance sert à désunifier. La fonction de la connaissance, c’est de séparer les catégories, les multiplicités, afin de permettre que dans certains quartiers il y a une certaine évolution, parce qu’il y a un certain tempérament, parce qu’il y a une certaine vibration; une certaine évolution dans un autre quartier, parce qu’il y a un certain tempérament et un certain caractère.
La race noire va évoluer avec certains concepts; la race jaune avec certains concepts; la race blanche avec certains concepts; l’Homme gêné avec certains concepts; l’Homme spirituel avec certains concepts; l’intellectuel avec certains concepts; le mathématicien avec certains concepts; le scientifique pur avec certains concepts.
Donc, tous les Hommes ont besoin de différentes sortes de concepts. Il ne s’agit pas, pour nous les Hommes, d’unifier les concepts, il s’agit, pour nous les Hommes, de réaliser un jour que les concepts ne sont que des formes qui servent au passage de l’énergie et qui s’adaptent, selon les individus, à la coloration de leur personnalité. Une fois que l’Homme a dépassé ce stage, parce qu’il est en fusion, parce qu’il est en intégration, à ce moment-là, il aime tous les concepts, il se sent à l’aise sur tous les plans et il est capable de se servir de tous les concepts.
Et il est capable d’aller sur tous les plans pour servir et pour aider à l’évolution de l’Homme, pourquoi?
Parce que son ego, son ego n’est plus impliqué.
La recherche socratique, elle est terminée. L’Homme n’a plus rien à découvrir; tout est là… Donc, il prend ce qui est là, il fait, avec ce qui est là, ce qu’il doit faire; et ce qu’il doit faire dépend de sa vibration; dépend de la relation entre son énergie et son mental; dépend de l’intégration de son énergie; et c’est ça, l’Homme nouveau.
Donc, attendez-vous pas à l’unification de la connaissance, il n’y en aura jamais. Mais, il y aura universalisation de l’intelligence. Ah, ça, ce n’est pas pareil… Universaliser l’intelligence, que l’universalité de l’intelligence soit, ça fait partie de l’évolution. Et elle sera facile au fur et à mesure qu’il y aura de plus en plus d’Hommes conscients universellement. Mais, attendez-vous pas à l’universalité de la connaissance, parce que la connaissance ne fait pas partie de la conscience; la connaissance fait partie du mode d’expression de l’énergie à travers le mental pour le bénéfice émotif, astral, de l’Homme inconscient.
Un Homme conscient n’est pas intéressé à la connaissance. Il ne peut pas être intéressé à la connaissance parce qu’il n’a plus de faculté réflective; il n’a plus la capacité de demander des questions. Si un Homme n’a plus de capacité de demander des questions, comment voulez-vous qu’il s’intéresse à la connaissance. Il n’a simplement que la faculté gratuite qui fait partie de l’intégration de son énergie avec son ego, de manifester l’énergie de l’intelligence, donc de donner à l’Homme ce que nous appelons de l’instruction, c’est-à-dire expliquer à l’Homme comment fonctionne l’Homme psychiquement, mentalement, émotivement, vitalement, physiquement, astralement, causalement, ainsi de suite…
FP - Et, pour cela, il faut quand même qu’il se serve des concepts, mais il doit les détruire après s’en être servi...
BdM - Oui, effectivement, il doit les détruire, parce que l’énergie de l’intelligence, elle est infinie. Les concepts sont relatifs. Et plus l’Homme avance dans l’énergie de l’intelligence, plus il en arrive à l’infinité; plus il découvre l’infinité, plus il découvre l’absolu; plus il découvre l’absolu, plus il comprend l’absolu; plus il comprend l’absolu, plus il est dans l’absolu; plus il est dans l’absolu, plus il veut faire sauter ce qui est relatif, et qui empêche l’Homme d’en arriver au même point. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise...
FP - Alors, la difficulté doit résider dans la perception que vous avez, absolue, et dans la communication à ceux qui ont une perception très relative, très fragmentaire, incomplète...
BdM - Oui, oui, mais la difficulté, elle n’est pas nécessairement dans le concept, elle est dans le fait que le concept existe. Et comme le concept existe, il a naturellement des tendances à créer, dans l’émotivité, et dans l’ego, et dans les parties inférieures de l’Homme, une question. L’Homme est intéressé à qu’est-ce que c’est l’absolu, mais, l’Homme conscient n’est pas intéressé à qu’est-ce que c’est l’absolu, il fait partie de l’absolu. La conscience, ça fait partie de l’absolu. Il y a séparation, dans l’Homme inconscient, entre sa conscience et son énergie. Tandis que dans l’Homme conscient, il n’y a pas de séparation; donc comme il n’y a pas de séparation, il ne souffre pas de claustrophobie.
FP - Il y a un aspect qui est fatigant dans la recherche de l’Homme qui se conscientise, et puis il y a à la fois un intérêt, pour lui. C’est comme quelque chose qui le tiendrait en vie. Alors…
BdM - C’est très juste… C’est très juste…
Mais, vous savez pourquoi il y a un intérêt?
Parce qu’il n’a pas découvert le manque d’intérêt.
FP - J’allais vous demander, c’était quoi votre intérêt à ce moment-là, vital? S’il n’y avait plus de question, s’il n’y avait plus de recherche… Ce n’est pas remplacé par rien...
BdM - Ce n’est pas moi, qui vis sur le plan de la question ou de la recherche, ce sont les Hommes. J’ai contact avec les Hommes; les Hommes me parlent; les Hommes me demandent des questions; je réponds. Mais moi, personnellement, je ne suis pas impliqué. Je ne souffre pas; on ne peut pas souffrir de parler. On peut souffrir de demander des questions; moi, je ne souffre pas de demander des questions. J’aime parler, c’est tout.
Ce n’est pas moi qui ai le problème de la question, c’est l’Homme. Mais, comme je suis suffisamment intégré dans mon énergie, je lui donne les réponses à ses questions, tant que je veux. Si un jour, je veux arrêter, j’arrête. Mais moi, je ne vis pas sur le plan de la question.
FP - Mais pour que vous ayez du crédit, comme vous dites que vous n’êtes pas intéressé à la question ou que vous fonctionnez sans la question, pour que vous ayez du crédit, il faut que vous soyez capable d’expliquer les questions, de donner des réponses vis-à-vis de l’Homme, sans quoi on va vous dire que vous ascendez ça.
BdM - Oui, mais oui, exactement, c’est justement pourquoi j’ai du crédit, parce que je suis capable de répondre aux questions. Mais moi, personnellement, je ne suis pas impliqué dans les questions. Qu’on me demande des questions, je vais parler, je vais répondre, mais moi, égoïquement parlant, humainement parlant, je ne suis pas impliqué dans les questions. Si j’étais impliqué dans les questions, je ne pourrais pas donner les réponses.
Si je cherchais dans ma tête, si je cherchais des questions, si j’essayais de comprendre des choses, je ne pourrais pas répondre. Vous ne pouvez pas répondre à ce que vous ne pouvez pas comprendre. Vous pouvez répondre à ce que vous n’essayez pas de comprendre, mais que vous comprenez, parce que justement vous êtes en dehors de la forme de la question.
Elle est là, la liberté de l’Homme; elle est là, la liberté du mental de l’Homme. Il est là, le pouvoir de l’intelligence créative de l’Homme, et ce pouvoir, il fait partie de tous les Hommes, il est universel. Aucun Homme ne le possède plus qu’un autre, mais un Homme peut le posséder avant un autre.
FP - Mais qui aurait de l’intérêt pour finalement arriver, après une longue quête, après une longue recherche intérieure, arriver au bord d’un gouffre, au bord du vide. Quel est l’intérêt?
BdM - Un Homme qui arrive sur le bord du gouffre après une grande recherche intérieure, il réalise quelque chose; il réalise le vide, il réalise la nécessité de son expérience intérieure, qui l’a amené à ce point; il réalise que c’est le gouffre qui est important et non pas le pavé. C’est le gouffre… C’est le vide…
Et l’Homme a peur du vide; il n’est pas confortable devant le vide, parce qu’on lui a toujours dit qu’il y avait quelque chose au bout de la route. Il y avait quelque chose, mais on ne lui a pas dit quoi.
On ne lui a pas dit : cherche mon bonhomme, vas-y, casse-toi les reins pendant vingt ans, cinquante ans, quarante ans et au bout de la route, tu vas arriver à rien.
FP - On ne lui a jamais dit ça...
BdM - On lui a dit : Vas-y, va au bout de la route, tu auras la clé. Mais lui, le bonhomme, il est resté avec le concept de la clé, donc pour lui, il a l’impression qu’au bout de la route, il y a quelque chose de tangible, de solide, pour son ego, lorsqu’en fait, au bout de la route, il y a quelque chose de tangible pour son Esprit, mais pas pour son ego. Et c’est ça le choc que vivra l’Homme de l’involution qui entrera dans le nouveau cycle.
Et tous les Hommes devront vivre la même chose. Qu’ils soient de l’Orient ou qu’ils soient de l’Occident, ils seront obligés d’en arriver au bout de la route et de réaliser que l’involution fait partie de la programmation de l’Homme; que tous les concepts, toutes les formes, ont été créés pour ce perfectionnement de l’Homme, et que lorsque l’Homme prend ses ailes, il développe le pouvoir de voler seul, parce que justement il a coupé ses liens, ses relations avec les dieux.
Qu’est-ce que ça veut dire, couper sa relation avec les dieux?
Ça veut dire couper sa relation avec toutes les formes possibles et imaginables de pensées qui donnent, à l’ego, la sécurité de croire qu’il est sur la bonne voie.
FP - C’est déjà la question qui le hante : Père, pourquoi m’as-tu abandonné?
BdM - Ah! Même le Christ l’a vécue, “pourquoi m’as-tu abandonné?” Très juste…
FP - Pourriez-vous nous parler de…
BdM - S’il n’avait pas été abandonné, il n’aurait pas passé à l’autre plan.
FP - C’est ce que je voulais vous demander.
BdM - Il n’aurait pas passé, et nous ne pouvons pas comprendre ceci, parce que nous sommes rationnels, nous avons, les Hommes, des têtes de cochon. Nous croyons que la vie, la vie telle que nous la concevons, nous doit quelque chose. La vie ne nous doit rien, la vie, c’est la vie. Autrement dit, la vie, c’est le mouvement, dans le temps et l’espace, d’une quantité infinie et incroyable d’énergie alimentée, soutenue, canalisée, par des intelligences sur différents plans.
Et tout ça, pour le bénéfice de quoi?
Pour le bénéfice du perfectionnement entre l’énergie et les plans ou la matière; c’est ça, la vie…
Donc, l’Homme qui arrive à un point dans sa vie, où il est capable de réaliser ceci, avec pleine froideur mentale réaliser ceci, il ne peut le faire que s’il met de côté ses maudits concepts, ses idées préconçues, ses idées qui cajolent son ego, ses idées qui donnent à son ego le support psychologique, ses idées qui donnent à son ego l’impression que ça devrait être ainsi et non pas ainsi. C’est ainsi, et non pas ainsi.
Et tous les Hommes le découvriront, et c’est là que se fait le choix entre les Hommes inconscients et les Hommes conscients.
C’est là que s’opère sur la Terre, la descente de ce que j’appelle la conscience supramentale, qui naît de quoi?
Qui naît de la descente de la volonté et de l’intelligence de l’Homme ou qui naît de la naissance de la volonté et de l’intelligence de l’Homme, c’est-à-dire qui naît de la capacité, chez l’ego, de devenir parfaitement lucide, lucide.
La lucidité de l’Homme, c’est quelque chose qu’il ira chercher dans son expérience, avec le temps, lorsqu’il aura découvert que tout ce qui fait partie de son mental, de ses pensées, de ses idées, n’est que du matériel fixé dans son mental par des intelligences sur d’autres plans qui œuvrent pour l’involution, qui ne veulent pas perdre le pouvoir; qui vivent, qui évoluent, qui travaillent, qui se servent de l’énergie mentale et émotive de l’Homme, pour la fabrication, dans leur propre monde, du matériel nécessaire à leur évolution. Les plans sont interconnectés. Vous regardez bien dans la matière, vous avez la fourmi, vous avez le chat, vous avez la souris, vous avez toutes sortes d’animaux qui se mangent, qui s’entre-mangent, qui se supportent et qui créent un système écologique. C’est la même chose dans le monde de l’invisible.
Tous les systèmes se supportent mutuellement, et à partir du moment où l’Homme réalise ceci, que tous les systèmes se supportent mutuellement pour leur propre évolution, et que lui réalise ceci d’une façon absolue, c’est-à-dire intégrale, c’est-à-dire sans émotion dans le mental, l’Homme, il fait partie d’une nouvelle évolution. Il devient un maître de la vie, et un jour il aura une capacité vibrante tellement grande, qu’il sera exactement comme sont ces Hommes qui viennent d’autres parties de la galaxie. Il sera automatiquement un Être qui aura le pouvoir sur la matière.
Donc, il sera le produit enfanté par la souffrance; il sera la réalisation, sur le plan humain, de la condensation dans la matière de cette énergie à travers la volonté et l’intelligence lucide, mais non pas à travers le désir spirituel de l’Homme qui poursuit, depuis des millénaires, la recherche socratique. Socrate a amené l’Homme à la fin du XXe siècle, et à la fin du XXe siècle, l’Homme détruira tous les temples de l’ancienne pensée, pour ériger sur sa propre fondation, dans sa propre conscience, non pas un temple, mais l’épée qui sera capable de couper à travers tous les voiles qui, dans le passé, ont servi à son invitation à la matière, pour finalement le libérer de la matière, pour qu’il en arrive, un jour, à être réel, c’est-à-dire à être un Homme capable de vivre de l’intégration de son énergie sur tous les plans, selon le plan où il doit lui-même s’exécuter en tant que vie, de force de vie et d’intelligence de vie.
FP - Est-ce que c’est ça, la liberté?
BdM - Ce que nous appelons la liberté, c’est ça. La liberté, ce n’est pas le libre arbitre. La liberté, c’est l’appointement dans la matière de la volonté et de l’intelligence lucide pour le bénéfice de l’Homme, en relation avec les Hommes, pour le bénéfice éventuel de l’évolution à long terme, et pour le bénéfice personnel de l’Homme à court terme. C’est ça, la liberté. C’est une force créative dans l’Homme, mais que l’Homme ne pourra vivre, que l’Homme ne pourra exercer, que lorsqu’il aura réellement compris les lois de la vie, c’est-à-dire les lois de la conscience planétaire expérimentale.
FP - Et le libre arbitre, alors?
BdM - À ce moment-là, l’Homme réalisera que le libre arbitre de l’ancienneté est une illusion et que sa liberté englobe le libre arbitre. Être libre, c’est plus grand que le libre arbitre. La liberté de l’Homme, la liberté réelle de l’Homme conscient, elle est plus grande cette liberté, elle englobe le libre arbitre.