FP - Le cerveau est cette source d’activité mentale qui est d’une incroyable complexité et d’une richesse inouïe. Dans le corps même d’un bébé, avant la naissance, il y avait 250 000 neurones mis en place à la minute dans le système nerveux central qui est le cerveau. Ceci se fait grâce aux informations apportées par le patrimoine génétique, 250 000 neurones à la minute pendant 9 mois ou 400 000 minutes, c’est 100 milliards de neurones présents à la naissance et qui ne sont pas fonctionnels, auxquels viendront s’ajouter 100 000 milliards de synapses par l’intermédiaire desquels passe un courant, un flux, une information qui est véhiculée, bref un potentiel intellectuel énorme, mais non structuré. Cette structuration se fera après la naissance, progressivement, en fonction du vécu, en fonction de la capacité d’apprentissage, dans une sorte d’épigenèse ou d’autoconstruction qui donnera une certaine forme d’intelligence.
Il est acquis aujourd’hui que le développement de l’intelligence serait donc proportionnel à notre capacité de traiter l’information plus ou moins correctement dans ce travail d’épigenèse ou d’autoconstruction. À une extrémité de l’échelle on trouve donc les débiles mentaux et à l’autre, on va trouver les Einstein et pourquoi pas les Bernard de Montréal dont les circuits neuroniques sont justement plus conducteurs ou plus développés.
Quels sont les facteurs qui font que l’information est traitée plus ou moins correctement? Êtes-vous d’accord avec le fait que l’intelligence est proportionnelle à la faculté de traiter l’information?
BdM - Si l’on parle d’intelligence, il faut le faire à différents niveaux. L’intelligence n’existe pas chez l’Homme, dans l’humanité. Elle n’existe pas, elle n’est pas uniforme. Il y a des Êtres humains qui ont la capacité de la rendre plus que d’autres. Les scientifiques parlent de traiter l’information parce que nous sommes à l’âge de l’informatique, mais en fait l’intelligence n’est pas traitée. Nous avons l’impression que l’intelligence l’est parce que l’Homme donne manifestement, dans le rendement intellectuel, un plus grand rendu de cette Énergie-là que d’autres.
Moi, j’ai une faculté extrêmement diminuée dans le traitement de l’intelligence. Si l’on me donnait du matériel intellectuel à assimiler, je ne pourrais pas donner de résultats adéquats, comme je le pouvais par exemple quand j’étais universitaire, parce que ma faculté mentale a été altérée par la fusion. Puisque je vis un autre mode d’intelligence, je ne peux pas traiter de l’information. Je peux créer de l’information. Et les Hommes, en général, semblent traiter l’information parce qu’ils utilisent leur mémoire pour donner à leur intelligence une qualité accumulative directement proportionnelle à leur faculté mémorielle.
Si un Homme possède une très grande mémoire, il a une capacité alors de traiter de l’information. Quand nous parlons d’intelligence et de traitement de l’information, nous parlons de traitement du mémoriel. Il s’agit là d’un niveau d’intelligence seulement, ce n’est pas l’intelligence finale de l’Homme, son intelligence créative.
Il s’agit plutôt de l’intelligence mécanique, statuée, conditionnée historiquement. À l’intérieur de cette forme de l’intelligence, il y a des mécanismes, des paramètres psychologiques qui font en sorte que cette intelligence, mémoriellement parlant, peut être plus ou moins traitée.
Quelqu’un qui vit un blocage ou un choc émotionnel, quelqu’un qui n’a pu, au cours de son évolution, qui fut en fait une acculturation, vivre de son intelligence créative pour ne vivre que du mémoriel intelligent, se verra plus tard obligé, de subir une sorte d’atrophie créative dans son mental. Cet individu ne pourra pas traiter de l’information de la même façon qu’une autre personne mécanisée pourra le faire.
Si nous parlons de l’intelligence, nous devons parler de l’intelligence de l’involution et de l’intelligence de l’évolution. La première est programmée, autant subconsciemment que socialement; la seconde est totalement créative, sans programmation.
D’ailleurs, sa créativité est proportionnelle à l’absence de programmation, ce qui libère dans l’Homme une force mentale très grande qui lui permet d’ajuster ce que nous appelons le matériel informatique qui est traité sur le plan mécanico-mémoriel et qui donne à l’Homme l’impression d’être intelligent.
Je n’accepte pas le concept du traitement de l’intelligence c’est un concept mécaniste, c’est un concept qui empêche l’Homme de prendre conscience que derrière le traitement du matériel mémoriel, il y a un influx d’Énergie mentale, supérieure, plus ou moins réalisée chez l’individu, ce qui résulte en une conscience plus ou moins grande et, c’est cette Énergie qui permet à l’Homme de traiter d’intelligence. Non pas nécessairement traiter d’information, mais traiter d’intelligence.
FP - Alors au départ, il faut faire une différence entre la fonction d’intellectualité et d’intelligence.
BdM - Partons de là. La fonction d’intellectualité c’est, chez l’Être humain, une capacité mémorielle qui lui permet de prendre conscience d’un matériel accumulatif qui fait partie de la conscience collective de l’humanité et qui, sur le plan social, lui permet d’être toujours en équilibre mental et émotionnel.
Un bon intellectuel, celui qui sera bien reçu dans un milieu, sera toujours un intellectuel qui aura la capacité, sur le plan de la conscience sociale, autrement dit sur le plan du mémoriel accumulatif de l’humanité auquel il est relié, d’être bien reçu dans la société. Il sera reconnu comme un grand intellectuel parce qu’il pourra facilement réorganiser le matériel mémoriel pour lui donner une nouvelle consonance.
De là on dira que tel Homme a développé telle ou telle théorie; avec le temps, on essaiera de prouver sa théorie et si sa théorie se prouve, devient exacte, précise, reprogrammable par la science ou par la méthode scientifique, on dira que cet individu-là est intellectuellement intelligent. Mais on ne donnera pas à l’intellectuel la valeur totale de son intelligence. On ne dira pas par exemple que l’intellectuel fournit à travers son cerveau une très grande masse d’Énergie qui sert à donner à la forme mémorielle ou au matériel mémoriel accumulatif de l’humanité une nouvelle figure, une transformation.
Pour que l’Homme puisse, sur le plan social ou d’une façon collective ou d’une façon intellectuelle, dire que tel individu est un Être effectivement créatif, il faut que l’Homme qui l’observe le soit. Il faut qu’il y ait dans l’Homme une capacité de transmuter sa propre désinformation pour en arriver à pouvoir substituer la désinformation qui fait partie de la caractérologie fondamentale de toute information mécanisée.
C’est seulement ainsi que l’Homme en arrivera un jour à voir à travers la forme des mots ou la valeur que l’on donne aux mots, une substance qui est effectivement assujettie à une ampleur mentale qui est beaucoup plus vaste, beaucoup plus libre, beaucoup moins limitée par le mémoriel historique, donc beaucoup moins assujettie à la conscience sociale.
Ceci fait partie du constat que nous observerons au cours de la prochaine évolution, celle de la conscience mentale supérieure de l’Homme, c’est-à-dire de cette conscience mentale qui, à cause de l’éclatement de certaines facettes de la conscience neurologique, permettra demain à l’Homme de recomposer avec les concepts et les mots afin de pouvoir utiliser ces mots dans une consonance nouvelle. Cela permettra à l’Homme de se libérer pour la première fois de l’émotivité qui entache le mental humain et l’oblige à traiter informatiquement de la valeur des mots, afin de pouvoir bénéficier intellectuellement d’un certain statut social qu’on appelle la faculté intellectuelle.
FP - Vous-même, avant d’avoir vécu cette expérience de fusion en 1969, vous aviez des circuits neuroniques communs, si je puis dire. Est-ce que ces circuits ont été altérés dans votre expérience de fusion? N’était-if pas nécessaire que vous ayez un développement normal à ce niveau-là?
BdM - Oui, les circuits étaient normalement développés. Mais la science découvrira un jour que la normalisation du développement des circuits neuroniques est un processus qui fait partie de la mécanisation du mémoriel. Le mémoriel humain est une faculté mécanique, et non pas une faculté créative.
Pour que le mémoriel serve créativement l’humanité, il faut qu’il y ait un influx d’Énergie mentale supérieure qui n’existe pas chez l’Homme en général, ou qui existe occasionnellement chez l’Homme qui, foncièrement opératoire dans une société sur le plan créatif, prend conscience qu’il y a en lui une forme de médiumnité. Il prend conscience d’une certaine forme d’intelligence qui n’est pas sienne, en ce sens qu’elle n’est pas le produit de l’évolution normale du mémoriel psychologique ou de la formation des circuits neuroniques.
Alors l’Homme connaît toujours une sorte de surprise : il a l’impression qu’il vit une sorte de dédoublement, qu’il y a un autre Être en lui, une autre personne en lui, une autre Êtreté en lui qui agit derrière le voile de sa personnalité et qui lui souffle quelque chose. Souvent les scientifiques ou les gens qui ont marqué historiquement l’évolution de l’humanité, sur le plan de la science ou sur le plan des arts ou de la philosophie, ont été les premiers dans leur biographie à faire remarquer, souvent d’une façon posthume, que derrière le processus d’élévation de leur intelligence et de la découverte de certaines choses ou de ce que j’appelle les formes de la raison, il y a toujours une impulsion créative qui n’est pas effectivement ou directement reliée à l’activité consciente diurne de l’ego.
Des chercheurs scientifiques dans le domaine des structures atomiques ont découvert la nuit, par exemple, lorsqu’ils sommeillaient, les modèles de la constitution atomique, et le jour ils ont donné suite non pas à leurs recherches, mais à leurs perceptions internes. Il y a dans la constitution psychique de l’Homme des forces créatives qui ne font pas partie de l’organisation cérébrale du circuit neuronique de l’ego, qui échappent à l’organisation statutaire de la nature humaine animale.
Ce sont des forces créatives qui font partie d’un plan parallèle totalement autonome, qui contient en lui-même toutes les vastes gammes d’information reliées au mouvement de l’intelligence à travers le cerveau capable de la recevoir à cause de la multiplicité, sur le plan quantitatif, de l’organisation neurologique.
FP - C’est aujourd’hui votre interprétation de ce que vous avez vécu au niveau de la fusion. Mais vous avez parlé d’une impression d’avoir des facultés médiumniques, de correspondre, de dialoguer avec un autre soi-même ou avec une Énergie sur un autre plan. Mais est-ce que cette impression ne viendrait pas justement du fait que de nouveaux circuits ont été ouverts; d’où une nouvelle faculté d’aborder des concepts entièrement nouveaux, créatifs; d’où forcément une façon d’anthropomorphiser le phénomène, de vouloir mettre dessus une entité ou une Énergie d’un autre plan. Est-ce que ce n’est pas simplement parce que c’est de la nouvelle information qu’on dit qu’elle ne vient pas de nous?
BdM - Aussitôt que l’Homme voit s’allumer en lui d’autres neurones, c’est qu’il y a un influx d’Énergie nouveau qui se produit dans sa conscience. Ceci altère sa conscience antérieure et lui donne un état mental différent. Les Hommes qui vivent une fusion, cet état de grand changement dans le mental, connaissent effectivement un influx d’Énergie qui donne à la constitution neurologique existante une nouvelle dimension sur le plan de la capacité d’absorber une nouvelle Énergie qui devient ensuite traitable informatiquement.
Je sais très bien, dans le cadre de ma propre expérience face à différentes formes d’intelligence, différentes avenues ou différents programmes d’intelligence, ─ que ce soit en cybernétique, en sciences pures, en psychologie, en philo, en littérature, en art ─, que la faculté psychique qui fait partie maintenant de l’organisation mentale de mon moi est une faculté nullement restreinte par l’organisation méthodique et mémorielle de ma conscience antérieure.
Voilà justement ce qui me permet aujourd’hui, publiquement, d’éveiller dans l’Homme certaines observations, de faire certains constats qui ne sont pas assujettis à l’orthodoxie de recherche méthodique qui devient du traitement d’intelligence à partir d’une faculté purement mécanique, comme nous le retrouvons chez les intellectuels.
Dans le processus de l’intellectualisation de l’intelligence comme dans celui du traitement de l’information, il y a toujours chez l’Homme une incapacité de dépasser les limites psychologiques permises par l’autorité psychique de sa culture. Si un Être humain qui travaille dans un certain domaine en arrive un jour à aller au-delà des limites autorisées tacitement par sa culture, il sera alors automatiquement rejeté.
Il le sera parce qu’il n’est pas capable, sur le plan psychologique, de se donner l’autorité lui-même et de la renforcer, car il y a dans la faculté mémorielle, de l’émotivité qui attaque son mental. De sorte que l’Homme a peut-être tout à fait raison d’élucider un programme d’évolution mentale nouvelle, en ce qui concerne le traitement de l’information, mais il ne le fait pas correctement. Comme il le fait avec trop d’émotivité, il choque les gens, les organisations ou ceux qui sont les gardiens de l’autorité, les gardiens du statu quo.
Dans mon expérience vis-à-vis des Hommes que j’ai rencontrés, des Hommes qui sont dans l’autorité de différentes sphères sur le plan de la connaissance, je ne choque pas, à moins que je le veuille. Si je ne veux pas choquer, je ne choque pas. Je peux alors amener un certain niveau d’information nouvelle et faire en sorte que les circuits de ces gens soient rallumés par le contact de cette vibration, de cette Énergie.
Ils en arrivent, ainsi, à prendre conscience qu’effectivement il y a du réel derrière le constat psychologique stabilisé de l’infrastructure psychologique de notre moi, que nous appelons notre intelligence intellectuelle. Ces gens disent : c’est intéressant. Mais ils n’ont pas les mots, parce que les mots sont bloqués, ils sont arrêtés par une très vive émotivité qui a tendance chez l’intellectuel à vouloir protéger le statut mental correspondant à sa personnalité.
FP - Si vous enlevez le poids affectif qu’il peut y avoir dans les mots, si vous désastralisez la communication, n’avez-vous pas un langage qui ressemble en quelque sorte à celui d’un mathématicien? En tant que conférencier public, n’êtes-vous pas obligé d’astraliser votre information d’une certaine façon? Allez-vous trier l’information, la filtrer, ou est-ce que vous allez nécessairement la colorer pour qu’elle puisse être reçue?
BdM - Je vais la colorer si elle est trop choquante. Si l’information est trop choquante, alors je suis obligé de désinformer en informant. Parce que si je me laisse aller à informer, je détruis la structure psychologique du mental humain. Autrement dit, je détruis la forme psychologique du moi, qui est obligé de survivre à l’inquisition d’une forme d’intelligence qui ne fait pas partie de notre territorialité, de notre expérience.
Quand je traite de l’information publiquement, je ne veux pas être reçu comme un étranger; je veux être reçu comme un Homme qui fait partie du même monde, mais un Homme qui vit une expérience différente, pour le moment, sur le plan de cette transmutation du mental.
Si je dois astraliser l’information, je vais prendre en considération l’émotivité qui est dans le mental de l’Homme, surtout si je parle de politique, de religion, ou de métaphysique. Mais si j’entre dans des domaines qui sont beaucoup plus libres d’émotivité, alors je peux aller d’une façon beaucoup plus directe, même si je deviens autoritaire. Je peux ainsi sommer une personne d’entrer en conflit avec moi, sur le plan de l’interrogation naturellement, afin que cette personne devienne la réserve d’informations dont je me sers pour transformer la forme du mental ou la forme de l’intelligence.
Si je parle avec un physicien, je me servirai de sa réserve d’information sur le plan de la physicalité de la matière pour introduire un nouveau niveau d’information qui forcera cet individu à prendre conscience de quelque chose qui, pour le moment, n’est pas nécessairement intégrable dans la conscience mentale de son mémoriel collectif. Mais il verra alors qu’il y a autre chose dans la nature de la physicalité de la matière que la conception cartésienne que nous avons aujourd’hui, au stade scientifique où nous sommes rendus.
J’ai fait ceci avec des scientifiques par exemple, où nous avons traité de certaines formes d’Énergie qui, sur le plan scientifique mondial à l’intérieur du « Scientific Establishment », ne sont pas reçues par toute la communauté scientifique parce que les chercheurs n’ont pas encore les éléments mathématiques pour donner suffisamment de support à leur vision de certains états de l’Énergie.
Ces Hommes, qui doivent travailler avec une structure mathématique de base, sont obligés d’ajouter à cette structure une autre structure psychique qui l’englobe. Lorsque je traitais avec ces gens, il m’était très facile de leur expliquer le dilemme de leur science qui n’était pas supportée encore par les mathématiques.
Par ailleurs, cela n’aidait pas au transfert de cette science mathématique physique nouvelle qui fait partie de leurs activités de recherche, dans un monde où l’« establishment » est extrêmement réfractaire à toute innovation, surtout sur le plan mathématique qui a tendance à désinférioriser le statut mondial de la science mathématique.
Les Hommes ne sont pas capables d’absorber, sur le plan mental, un choc émotionnel. Et même si ces Êtres travaillent avec beaucoup d’assiduité objective vis-à-vis du monde de leur recherche, aussitôt que nous introduisons un paramètre qui n’est pas normal, c’est-à-dire qui est paranormal, un paramètre qui leur permet de faire des liens qui ne sont pas directs, mais qui peuvent être indirects avec des situations matérielles, ils deviennent mal à l’aise.
FP - Qu’entendez-vous par désinformation?
BdM - Désinformation veut dire conditionnement psychologique de l’ego afin de l’empêcher de recevoir une trop grande dose d’Énergie mentale qu’il ne pourrait pas supporter à cause de son état animal inférieur.
Pour que l’Homme puisse, au cours des millénaires, évoluer dans une cadence qui convient parfaitement bien aux lois de son émotivité comme aux lois de son mental, il faut qu’il soit amené petit à petit à la confrontation entre la réalité et ses aspects inférieurs qui sont polarisés, qu’on appelle le vrai et le faux.
L’Homme ne peut pas être mis en face de la réalité parce qu’il n’a pas un circuit neuronique suffisamment développé pour pouvoir absorber une autre dose d’Énergie mentale. Cette nouvelle dose lui permettrait facilement alors de vivre émotivement ou mentalement, ou humainement, des conditions de réalité qui transcendent la performance psychologique de notre mémoriel relié à la conscience institutionnalisée du mental collectif.
La désinformation est une protection pour l’Homme. Le mensonge est absolument nécessaire dans le monde. Je dis ceci d’une façon libre, mais regardez sur le plan historique l’activité de l’Église, par exemple : elle s’est servie du mensonge pendant des siècles pour empêcher les chrétiens d’être trop affectés par des connaissances qui les auraient astralisés et qui, à l’intérieur du concept ecclésiastique de ce temps-là, les auraient amenés plutôt vers une pratique satanique de la religion.
Dans le domaine de la politique, c’est la même chose : la désinformation fait partie de la politique. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que la politique du président vous dise tout.
La désinformation fait partie de ce que j’appelle le « containing complex », le complexe de la contenance. Les Hommes doivent être contenus, les civilisations doivent être contenues, les masses humaines doivent être contenues. Sinon, si les masses font face à la réalité, tel que certains Hommes peuvent la voir ou la comprendre, il pourrait y avoir de la détérioration psychologique sur le plan collectif, et ce phénomène serait très dangereux.
Regardons l’exemple du message de Fatima. Le Vatican ne veut pas donner d’information. Le concept de la désinformation va très loin, même si le Vatican expliquait à l’humanité le message de Fatima, ceci ne veut pas dire que le Vatican comprend le message, et il y aurait encore de la désinformation. Pour réellement comprendre le Vatican, pour réellement comprendre le message, il faudrait que nous ayons nous-mêmes un circuit neuronique plus développé afin d’aller puiser nous-mêmes notre propre information.
FP - Dans cette expérience de fusion, cette dose d’Énergie supplémentaire que vous avez reçue est-elle similaire à ce qui a été traité au niveau de la parapsychologie? On s’est aperçu que les gens qui étaient capables de produire des phénomènes paranormaux avaient été électrocutés dans leur enfance, simplement. Est-ce que le fait d’apporter une charge d’électricité supplémentaire au cerveau serait la version physique et chimique de la fusion? Celle-ci se manifeste-t-elle par une surabondance d’électricité ou de flux véhiculé au niveau des synapses et qui ouvrirait justement les conduits des circuits?
BdM - Si vous avez un champ d’Énergie magnétique à l’intérieur duquel il y a un circuit électrique ou électrochimique et que vous lui ajoutez une haute dose d’Énergie, il est évident qu’il se passera des changements. Sur le plan parapsychologique, les expériences qui ont été faites ont permis de découvrir qu’effectivement le choc éprouvé par des gens qui ont été électrocutés a ouvert chez eux des centres d’Énergie. Mais cela se passe sur le plan du corps astral ou du corps éthérique. Les gens qui font des expériences dans le domaine de la parapsychologie font souvent des expériences en relation avec le plan astral ou le plan éthérique.
Pour ceux qui, comme moi ou comme d’autres, vivent l’expérience sur le plan mental, vous pouvez appeler cela une forme d’électrocution, mais vous employez alors une forme très primitive d’expression.
La fusion est effectivement un choc. C’est une rentrée d’Énergie nouvelle qui allume d’autres neurones et qui soude le mental humain ou le cerveau à une fréquence d’Énergie autre, à laquelle il n’est pas habitué. Cela donne à l’Homme un autre niveau de conscience. Mais ceci fait partie de l’évolution. C’est normal.
FP - Est-ce que vos capacités particulières, supramentales, sont transmissibles génétiquement, chez votre enfant par exemple, ou dans la succession, dans les générations qui viendront de vous? Est-ce qu’il y a une partie d’hérédité, de patrimoine génétique qui peut être transmise de ces facultés-là, une fois que le circuit neuronique a été étendu?
BdM - C’est très possible. Mais je ne peux pas dire finalement oui ou non parce que d’après ce que je sais, ce que nous appelons l’intelligence, autrement dit la faculté supramentale de l’intelligence, n’est pas une faculté karmique et n’est donc pas nécessairement transmissible. Ce qui est transmissible est d’origine karmique, pour que quelque chose soit transmissible d’un père à un fils ou à une fille, il faut qu’il y ait une relation expérientielle au niveau de l’âme. C’est seulement alors qu’il y a organisation génétique favorable à la transmission d’une condition psychologique particulière à travers les générations.
Mais comme la conscience supramentale n’est pas karmique, je crois que les Hommes qui vivront cette conscience supramentale la vivront parce qu’ils seront amenés à un état de mutation non pas à travers le génétique, mais à travers la réorganisation psychologique de la valeur qu’ils donnent aux mots. Cette transmutation se fera à travers la parole et non pas à travers le code génétique.
FP - Si tous les habitants de la planète vivaient demain une fusion instantanée comme celle que vous avez vécue, il n’y aurait qu’une seule génération de gens supramentaux. C’est peut-être la raison pour laquelle on voit beaucoup plus d’individus qui s’avancent vers la conscience supramentale d’une façon progressive qui permet alors une transmission. Mais si c’était une fusion instantanée de toute l’humanité, il n’y aurait qu’une seule génération, et cette expérience serait à renouveler à chaque génération.
BdM - Je ne vois pas de connexions génétiques. Je sais que l’Être humain possède un cerveau parfaitement développé, qu’il est prêt à vivre une autre dose de cette Énergie nouvelle, mais je ne vois pas de connexion entre l’organisation génétique et ceci. Cette nouvelle dose d’Énergie est simplement la première sur le plan de l’humanité, car l’évolution commence et ce que nous vivrons dans ce cadre-là au cours des siècles, nous ne le connaissons pas encore.
Pour moi, la conscience supramentale est un état d’Esprit, et non un état psychologique. Si c’était un état psychologique, je verrais une redistribution de cette Énergie sur le plan génétique; mais comme c’est un état d’Esprit, il en va autrement, car l’Esprit ne fait pas partie de la nature animale. L’âme oui, mais pas l’Esprit. L’Esprit fait partie d’une autre dimension : il est l’Énergie du Double de l’Homme. Déjà le Double de l’Homme fait partie d’un monde parallèle, l’Esprit est sa substance, et c’est l’Esprit de ce Double qui donne à l’Homme la gestion vibratoire de son intelligence.
Il n’y a donc aucune relation entre le mouvement de l’intelligence et la génétique. Si l’Être humain vivait les conséquences d’une fusion par transmission génétique, il deviendrait probablement un monstre. Parce qu’il n’aurait pas transmuté l’Énergie émotionnelle nécessaire pour pouvoir absorber le choc vibratoire de cette Énergie.
La fusion fait, dans ses premiers mouvements, l’oblitération totale de la mémoire. Je ne veux pas dire que je n’ai pas de mémoire, mais que ma mémoire n’est plus assujettie aux lois mécaniques de mon ego. La mémoire est assujettie à la pulsation vibratoire de cette Énergie-là, qui fait revenir en surface le mémoriel qui a fait partie, dans le passé, de l’expérience de l’ego.
Souvent je suis totalement sans mémoire devant un fait qui est absolument ridicule. Tout est contrôlé par l’Esprit de l’Homme, rien n’est sous le contrôle des forces anémiques de l’Homme. Voilà pourquoi je ne vois pas de connexions génétiques entre la conscience supramentale et le code génétique.
FP - Est-ce qu’il vous arrive de rêver?
BdM - Oui, je rêve. Mais je ne rêve pas comme les gens rêvent. Je suis conscient quand je rêve. Pour moi ce n’est pas rêver, parce que rêver c’est être inconscient quand on dort. Tandis que moi, quand je dors, je ne dors pas, donc je ne peux pas dire que je rêve. Je fais des expériences sur d’autres plans, je travaille sur d’autres plans, je ne m’amuse pas tellement, mais je travaille sur d’autres plans.
FP - C’est encore un point qui me fait penser que justement vos synapses sont beaucoup plus ouvertes, beaucoup plus fonctionnelles. J’ai entendu récemment le professeur Albert Jaccard qui donnait une conférence à l’Université Laval et qui soutenait que le rêve avait pour fonction de ramoner les synapses, c’est-à-dire que les synapses qui ne sont pas utilisées dans la journée vont être ramonées par le rêve, la nuit, pour être maintenues en activité. Si vous ne rêvez pas, c’est que ces canaux-là sont toujours ouverts et disponibles. N’est-ce pas un peu le travail de la fusion qui donne cette disponibilité d’ouverture des synapses?
BdM - Oui. Le travail de la fusion fait en sorte que l’Homme est toujours conscient. Cette conscience qui est permanente ne peut pas être soutenue par l’ego, elle ne peut être soutenue que par l’Esprit de l’Homme à travers l’ego. L’ego n’a pas la résistance émotionnelle pour être toujours conscient, car être toujours conscient est fatigant.
Mais si l’ego est en fusion avec cette Énergie, alors être toujours conscient est normal, facile, cela va de soi, c’est une seconde nature, que ce soit sur le plan diurne ou sur le plan nocturne. Mais s’il fallait qu’un Homme se couche le soir et qu’il soit toujours conscient, il deviendrait malade. Il faut que l’Homme se repose.
Mais regardez le repos, qu’est-ce que le repos?
Pourquoi l’Homme sommeille-t-il?
FP - Certains disent que c’est un état de veille en négatif.
BdM - C’est une façon négative de le dire. L’Homme sommeille, parce qu’il est incapable de soutenir la double polarité de son Énergie. L’Homme vit de la polarité vitale et mentale, qui constitue une seule polarité. L’Homme vit de sa vitalité et de son intelligence le jour, alors que la nuit il ne peut le faire, parce que sa vitalité est arrêtée, ou ralentie, et son intelligence est automatiquement ralentie.
Lorsque l’Homme cesse ou commence à cesser d’être vital, il s’endort. Tandis que chez l’Homme conscient, la vitalité cesse, mais elle est continuée sur un autre plan. L’Homme conscient possède deux corps : un corps matériel et un corps éthérique; et il y a au-dessus de ces deux corps une intelligence qui travaille avec les deux. Si le premier dort, il cesse d’être matériel; alors il devient éthérique et continue son travail mental.
L’Homme conscient vit deux polarités, il vit deux vies à la fois, et ce fait lui permet d’être toujours conscient. Tandis que l’Homme inconscient ne vit qu’une vie à la fois, et lorsque son corps matériel s’endort, il rêve, c’est-à-dire qu’il ne vit pas parfaitement, totalement, consciemment son autre vie. C’est cela le rêve : vivre une autre vie partiellement.
Ainsi dans cette vie nocturne du rêve, à cause du fait que l’Homme vit alors partiellement, beaucoup de mécanismes mémoriels entrent en jeu, qui, ne pouvant être organisés par l’ego, deviennent stupides quand on les regarde attentivement, car ils n’ont pas de logique.
Tandis que chez l’Homme conscient qui vit la double polarité de sa vie, le rêve est organisé. Il ne vit donc pas un rêve, il vit un autre mode d’intelligence, mais en relation avec des plans qui sont invisibles.
Il n’a pas à vivre la désinformation psychologique du rêve que tous les egos connaissent. Il vit l’information psychique du rêve conscientisé que les Hommes conscients savent, ou sauront. La vie devient beaucoup plus intéressante : tu vis le jour, tu vis la nuit, et les deux vies sont une continuité l’une de l’autre, de sorte que tu n’as pas l’impression de perdre ton temps quand tu te couches.
FP - Au niveau de la mémoire qu’on peut avoir d’événements douloureux vécus dans la jeunesse, et qui n’ont pas été intégrés, on affirme que cela laisse des traces physico-chimiques dans le cerveau. Celui-ci aurait tendance à oblitérer certains circuits neuroniques, ou réduire, ou accroître la conductance avec d’autres, et ceci engendrerait des troubles donc des psychoses, des névroses.
BdM - Très juste. L’Homme vit une grande partie de son intelligence à partir de paramètres émotionnels, et c’est cette Énergie qui crée les traces dans le cerveau. Lorsque l’Homme vit une Énergie émotionnelle trop intense, il y a dans le cerveau une destruction, une réorganisation des circuits : il peut alors vivre une psychose. Mais si la psychologie humaine était suffisamment avancée pour pouvoir traiter du matériel émotif, mais d’une façon nouvelle, dégagée du mémoriel de l’humanité, dégagée des sciences présentes et qui correspondrait par exemple à une science créée par une conscience supérieure, alors les Hommes pourraient être libérés de la valeur émotive de leur expérience et ne plus être assujettis aux conditions subséquentes à de tels chocs.
L’Homme pourrait, au lieu de vivre l’aspect négatif du choc émotif sur le mental qui crée un changement dans les circuits neuroniques, tirer bénéfice de ces chocs. Pour qu’il y ait mutation dans un organisme, il faut qu’il y ait un choc. Mutation veut dire choc à quelque niveau que ce soit. Mutation veut dire rupture avec un motif conditionné, rupture avec un motif mécanisé, rupture avec un motif perpétué, pour la création d’un nouveau motif.
La science du mental n’est pas encore suffisamment diffusée à travers le monde pour que l’Homme prenne conscience que la valeur négative d’un choc créé à travers l’émotif, qui engendre dans le cerveau certaines connexions nouvelles qui peuvent devenir psychotiques, peut aussi le servir à établir une connexion avec un autre niveau d’Énergie. Un choc est toujours bon si l’Homme est suffisamment intelligent.
Dans l’expérience humaine, l’on vous dira : “moi, j’ai vécu de mauvaises expériences dans ma vie, mais cela m’a servi”; d’autres vous diront : “moi, j’ai vécu de mauvaises expériences dans ma vie et cela m’a mis par terre”. Voilà les deux points de vue possibles vis-à-vis du choc.
Lorsque l’Homme possédera une science du mental suffisamment libérée de la valeur informative du néocortex, il pourra commencer à informer le néocortex à partir d’une valeur qui n’est pas normative, c’est-à-dire qui n’a pas tendance à maintenir dans l’état psychologique de l’ego un statu quo évolutif, mais plutôt à créer dans l’ego un saut en hauteur. Ce saut le forcera à transmuter l’Énergie de son émotion, qui deviendra demain une ouverture d’Énergie sur le plan mental.
FP - Est-ce à partir de cette transmutation qu’il créerait son troisième cerveau?
BdM - Exactement. Les études faites par la science sur le plan de l’émotivité sont davantage des études d’ordre électromagnétique, physico-chimique ou psychologique. Mais la science doit en arriver un jour à réaliser que ce que nous appelons une émotion n’est pas très différent d’une pensée. Avec cette différence que l’émotion n’est jamais intelligente.
Pour devenir intelligente, l’émotion doit être bien vécue par le mental, tandis qu’une pensée, par elle-même, peut être intelligente ou ne pas l’être. La pensée vit selon des lois qui lui sont propres tandis que l’émotion vit selon des lois qui ne lui sont pas propres, qui sont impropres au mental qui la subit.
L’émotion est simplement une variation d’Énergie intelligente, mais ajustée au niveau du taux vibratoire de la conscience animale de l’Homme. La valeur de l’émotion dans la vie de l’Homme n’est pas une valeur informative, c’est une valeur évolutive. Tandis que la pensée possède une valeur informative ou désinformative.
L’émotion et la pensée ont deux fonctions différentes. La fonction primaire de l’émotion est d’amener l’Homme à une plus haute évolution en exerçant son mental à développer des paramètres évolutifs de compréhension supérieurs à ceux qu’il a connus dans le passé, et ainsi dépasser le mémoriel collectif de l’humanité.
Sur le plan mental, il s’agit d’un autre ordre d’idées. Lorsque l’Homme passe du mental inférieur au mental supérieur, il ne vit pas le choc émotionnel; il vit plutôt celui de la désinformation. Tout Homme qui vit une fusion vit le choc de la désinformation, par lequel il entre dans un niveau d’intelligence qui est totalement libre de l’intelligence collective de l’humanité. Alors il se retrouve seul devant une masse d’expériences, une masse de valeurs qu’il est obligé lui-même de défaire et de refaire, afin de participer à son nouveau visage mental, à sa nouvelle intelligence.
Comme il ne peut plus être supporté par la conscience sociale, il est obligé de se supporter lui-même. Et s’il a la force de se supporter lui-même, ensuite il pourra lentement changer, au cours des siècles, la conscience sociale. Il devient libre des opinions, des croyances, des sympathies, des théories, du vocabulaire, des concepts, mais il les utilise pour les transformer.
FP - Quelle est la fonction du cauchemar?
BdM - Le cauchemar est très important dans la vie de l’Homme. L’Homme vit un cauchemar, il vit une très très grande approximation, sur le plan de l’Énergie, de sa réalité mentale supérieure avec sa réalité mentale inférieure toujours conditionnée par son état émotif. L’autre partie de lui-même veut se rapprocher de lui, mais elle est incapable de le faire à cause de son émotivité. L’émotivité crée un choc.
Et c’est le choc de l’émotion qui crée le cauchemar, ce n’est pas le cauchemar lui-même. C’est la qualité émotive qui vient s’interposer entre le mental inférieur et le mental supérieur, ou l’intelligence non découverte et l’intelligence connue, ou l’intelligence qui fait partie des circuits qui ne sont pas ouverts et l’intelligence qui fait partie des circuits qui sont déjà établis depuis longtemps.
Le cauchemar est très important parce qu’il donne à l’Homme la chance de découvrir une autre partie de lui-même. Mais comme son émotivité entre en jeu, le cauchemar devient négatif à ses yeux lorsqu’en fait, sur le plan évolutif, il est essentiel.
Si les Hommes ne vivaient pas de cauchemar, ils ne pourraient pas passer un jour de l’involution à l’évolution, ils ne pourraient vivre de mutation psychologique. Le cauchemar crée dans l’Homme la mutation psychologique. Il n’est pas simplement vécu sur le plan du rêve, il l’est aussi le jour, dans une condition extrêmement diluée.
Exemple : vous allez sur la rue, quelque vient en voiture et freine juste derrière vous et vous sursautez, c’est du cauchemar, mais du cauchemar contrôlé parce que vous avez un certain nombre de paramètres psychologiques qui vous permettent de prendre conscience et de contrôler dans un sens l’événementiel, de rassasier votre émotivité, de lui donner la chance de bloquer l’événement.
Tandis que la nuit vous ne pouvez pas vous défendre. Votre émotivité va prendre le chemin le plus facile et là où il y a connexion possible entre vous et votre réalité, elle viendra faire interférence. Vous vivrez alors un cauchemar, mais déjà ce sera un avancement dans votre vie évolutive.
Sur le plan de l’expérience du type qui est dans la rue et qui évite de justesse de se faire frapper par une automobile, s’il était conscient il ne vivrait pas de choc. Il regarderait le conducteur et dirait : qu’est-ce que tu fais là? Parce qu’il n’y a pas d’émotions qui peuvent entrer en lui. Il n’a pas à vivre le cauchemar. Parce que déjà il est informé.
La fonction du cauchemar est d’amener l’Homme à être informé, il détruit la désinformation d’une façon extrêmement subliminale. Mais l’Homme est tellement désinformé qu’il donne au cauchemar une valeur désinformative. Sur le plan psychologique, s’il vit trop de cauchemars dans sa vie, l’Homme peut être amené un jour à vivre de la psychose. Le cauchemar est essentiel parce qu’il vous permet de vivre la connexion avec un plus haut niveau d’Énergie de vous-même. Mais émotivement vous le retenez parce que vous n’êtes pas suffisamment prêt à vivre la fusion.
FP - Ce sont des tests?
BdM - Effectivement. La fusion est un cauchemar, d’un autre ordre si l’on veut, car il y a perte de la mémoire. Imaginez ce qui arrive à un ego quand il y a perte de la mémoire instantanément. Une minute il a la mémoire, une autre minute il ne l’a plus. C’est un choc terrible. Tout ça pour passer de la personnalité à la personne, d’un niveau de désinformation à un niveau d’information. Voilà pourquoi il doit vivre ce processus d’évolution vers la conscience supramentale d’une façon graduelle, sinon il souffrirait atrocement.
FP - Aujourd’hui, qu’est-ce qui fait votre particularité par rapport à votre fonction d’intelligence et à l’intellectualité de l’Homme?
BdM - Tout ce qu’on m’apporte sur le plan de la connaissance, je le retourne à l’envers. Je ne crois rien. Je ne peux pas vivre d’opinions. Si vous me donnez une opinion, je suis obligé de la faire vibrer, afin de l’amener à sa réalité réelle. Je ne peux pas croire. L’intellect croit. Là où il y a de l’intellect, il y a toujours de la croyance. Là où il y a de l’intelligence supramentale, il n’y a pas de croyance. Que l’on vous parle de l’Église, de la philosophie, de la politique, ou d’autre chose, vous ne pouvez pas prendre ce qui vous est dit parce que c’est astralisé, conditionné, programmé. Cela fait partie des circuits neuroniques de l’humanité, ce n’est pas réel. C’est une invention psychologique de l’ego qui a du sens et c’est pourquoi c’est dangereux.
FP - Mais vous avez quand même un principe de réalité, comme disent les freudiens, un équilibre?
BdM - Oui. Mais le principe de réalité que j’ai n’est pas celui de Freud. Ce qu’on appelle le principe de réalité sur le plan psychologique n’est pas la réalité, c’est simplement un équilibre, une norme. Un principe de réalité en psychologie est simplement une forme normative, tandis que la réalité n’est pas un principe. Regardez les mots. Un principe de réalité. Si vous me parlez de principe de réalité, je suis obligé de faire sauter le mot principe parce que ma réalité ne peut pas coïncider avec un concept qui sert simplement à stabiliser la conscience intellectuelle de l’ego; je ne peux pas…
Voilà pourquoi je suis toujours obligé, quand on me parle, de renverser ce qu’on me dit, afin de faire naître quelque chose d’autre. Afin que l’Homme puisse en arriver à prendre conscience que la réalité est au-dessus de l’intellect, que l’intelligence créative est au-dessus de l’intellect mécanisé, au-dessus de la mémoire, qu’elle fait partie d’une autre dimension de l’Homme. D’une dimension occulte de l’Homme. L’Homme est Esprit.
Si vous me demandez quel est le principe de ma réalité, je ne sais pas quoi dire. Le principe de ma réalité! Je ne vis pas par principe. La réalité, c’est la vie qui passe à travers un système psychique et qui se manifeste. L’opposition à ceci, par principe, devient un principe de réalité.
FP - Est-ce que dans vos séminaires vous êtes en mesure d’ouvrir les circuits neuroniques par l’information que vous donnez?
BdM - Le but de mes séminaires est justement d’amener l’Homme à l’ouverture de ces circuits-là, mais je le fais par la parole. Je crée des chocs par la parole.
FP - Comment la parole peut-elle justement ouvrir les circuits neuroniques?
BdM - Parce que la parole est une Énergie. Aussitôt que le cerveau reçoit une parole, il change. Aussitôt que l’ego reçoit une parole qui ne fait pas son affaire, mais qu’il ne peut pas discuter, il commence à transmuter. Aussitôt qu’il reçoit une parole qu’il ne peut pas comprendre, mais qu’il sait, il est déjà dans de la conscience.
FP - Qu’il sait dans le sens de sentir?
BdM - Qu’il sait. Il y a des Hommes qui savent quelque chose. Ils savent. Il y a beaucoup d’Hommes qui savent. D’ailleurs l’Homme sait, mais c’est la structure psychologique' de son ego qui l’empêche de réaliser qu’il sait, parce qu’il a toute une structure au-dessus de lui qui domine par autorité ce qu’il sait. Mais dans le fond de lui, quelque part, dans ses poches, il y a un petit peu de lui qui sait. Si quelqu’un vient dans le monde et lui dit : « Écoute, tu sais! », au lieu de lui dire : « Écoute, tu ne sais pas! », alors il se dit : « ah! Je sais! » Il commence à s’habituer au fait qu’il sait, il commence à prendre conscience qu’il sait.
Mais les Hommes, à cause de leur égoïcité, à cause de leur mental réflectif, au lieu de s’occuper de faire sortir d’eux ce qu’ils savent quand ils rencontrent des Hommes, ils s’occupent de rendre vers les autres ce qu’eux pensent savoir. Le problème se situe là. Le but de la parole d’un Homme doté d’une intelligence créative n’est pas de faire savoir ce qu’il sait, c’est plutôt d’échanger avec un autre qui sait déjà. Mais il faut que celui qui sait puisse prendre conscience que l’autre sait, et travailler à éveiller ce qu’il sait. Ensuite, quand l’autre sait que vous savez qu’il sait, alors vous pouvez vivre.
FP - La barrière la plus importante reste l’orgueil?
BdM - J’ai remarqué un phénomène chez les gens qui viennent dans mes séminaires. Phénomène normal d’ailleurs, que je leur explique toujours en leur disant de faire attention en sortant du séminaire, autrement ils vont se faire attraper par eux-mêmes. Dès que les gens sortent d’un séminaire, ils ont l’impression de savoir, parce qu’ils ont découvert quelque chose à cette occasion. Ils ont donc l’impression de savoir et veulent le faire savoir aux autres.
Ce processus peut durer deux ans, trois ans, jusqu’à tant qu’ils comprennent qu’il s’agit d’une illusion. Ils réagissent à une pression qu’ils ne peuvent pas contrôler. Avec le temps, ils la contrôleront.
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