Première Partie
FP - La présente cassette est un montage de trois séquences qui sont trois aspects de l’instruction initiatique de Bernard de Montréal. Dans la première partie, Bernard de Montréal aborde les lois de l’initiation solaire, de la fusion de l’esprit avec l’ego jusqu’à l’étape d’intégration, c’est-à-dire l’harmonie réalisée entre l’Esprit et l’ego de l’Homme.
La première question que je lui posais lors de cette interview fut la suivante : Bernard de Montréal, à quel moment de son évolution, l’Homme commencera-t-il à prendre le contrôle de sa vie?
BdM - Nous sommes aujourd’hui à la fin de l’involution, c’est-à-dire que nous sommes aujourd’hui à la fin d’un cycle de vie où l’Homme commencera, lentement, à prendre le contrôle de sa vie.
Ça veut dire quoi, prendre le contrôle de sa vie?
Ça veut dire comprendre parfaitement les lois de son énergie créative, de son énergie interne, de son esprit, ou de ces forces en lui, qui sont occultes ou cachées, et qui travaillent subtilement à l’utilisation, ou à travers son centre mental, ou son centre émotif.
Donc l’Homme doit devenir maître de la vie; il doit devenir de plus en plus vibrant à son énergie. Et ceci requiert qu’il y ait dans ses composantes psychologiques, dans les composantes de son émotion, de sa mentalité, un changement irréversible. Et quand je dis un changement irréversible, je dis ce changement qui fait en sorte que l’ego, demain, ne sera plus le même.
L’ego, demain, sera dans sa clarté, dans la netteté de son intelligence, dans la lucidité de son intelligence, et il ne pourra plus fonder sa conscience expérimentale, existentielle, sur une convenance sociale qui fait partie de l’ancienne race humaine. Et c’est pourquoi l’ego, qui se conscientisera, au cours des prochaines générations, sentira le déchirement... c’est inévitable...
C’est pourquoi je dis qu’il y a aujourd’hui, sur la Terre, une initiation solaire qui n’est plus véhiculée par des Hommes, mais qui est véhiculée par l’Esprit dans l’Homme. Et ceux qui ont la sensibilité, qui sont suffisamment évolués, pour supporter le choc de cette énergie en arriveront éventuellement à vivre la métamorphose de l’ego, la métamorphose de leur conscience, et pénétreront graduellement dans la fusion de leur intelligence.
FP - Alors si la fusion permettait de donner un sens à l’expérience de vie de l’Homme, est-ce que cela veut dire pour autant que ce serait supprimer sa souffrance?
Est-ce qu’il y un dénominateur commun, par exemple chez les gens qui sont en cours de fusion, est-ce que ce serait la souffrance?
Est-ce que ces gens-là vont être capables de s’en débarrasser un jour, ou pourquoi la souffrance?
BdM - Oui la souffrance, elle est inévitable, parce que l’Homme, qui se conscientise ou qui parvient à vivre de son intelligence créative, est obligé de laisser de côté, laisser derrière lui, l’intelligence conceptuelle qui est fondée sur la mémoire. Il est obligé aussi, en deuxième lieu, de subir le choc de pénétration de l’énergie de son propre Esprit, ce qui altère son corps mental, son corps émotionnel, ce qui a un effet sur sa vitalité.
Donc l’Homme, qui se conscientise, ne vit pas sa vie simplement psychologiquement, il la vit psychologiquement et à la fois vibratoirement. C’est-à-dire qu’il devient conscient d’une énergie qui le pénètre. Et comme il prend conscience de la multidimensionnalité de son être, c’est-à-dire qu’il prend conscience de la relation entre les évènements, sur le plan matériel, et l’origine ou la cause de ces évènements sur les plans invisibles, qui font partie des plans de son Esprit, il commence à voir une interconnexion entre ce qu’il vit existentiellement et ce qu’il vit sur le plan de l’évènement.
Et étant conscient, pour la première fois, de la multidimensionnalité de son expérience, il s’aperçoit que la volonté de vivre, la liberté de vivre, qu’il possédait auparavant était une volonté ou une liberté assujettie à une ignorance, c’est-à-dire assujettie à une condition d’entendement qui ne relevait pas de son Esprit, mais qui relevait de son intellect, de son expérience, de la limitation de ses sens. Donc automatiquement l’ego est forcé de réaliser, éventuellement d’admettre, qu’il y a en lui une présence, qui est son propre Esprit, dont la puissance énorme crée en lui une perturbation.
Lorsque l’esprit de l’Homme est prêt à faire la fusion avec le mortel, il se produit chez le mortel une transmutation de ses corps qui amène à un développement de conscience, donc à une perturbation de sa relation entre ce que lui croit être réel et ce que la réalité est, en fait absolue. C’est ce qui crée la souffrance.
FP - C’est la réalité qui s’impose...
BdM - C’est la réalité de l’Homme qui s’impose à l’irréalité de l’Homme. Donc il y a déplacement dans l’irréalité de l’Homme, il y a souffrance à cause de ceci. Parce qu’un Homme, qui est conscient de sa réalité, qui est dans sa réalité, n’a plus à souffrir, parce qu’il y a eu ajustement entre sa réalité et lui-même, entre son Esprit, son Énergie et lui-même. À ce moment-là, il y a automatiquement une harmonie sur son plan de vie terrestre, et il ne souffre plus, parce que sa conscience est trop grande; elle englobe la particularité événementielle de sa conscience, pour lui donner une compréhension profonde de la relation entre l’évènement et son Esprit.
Et comme l’Esprit fait partie de la Lumière de l’Homme, comme l’Esprit fait partie de l’Intelligence de l’Homme, comme l’Esprit, c’est l’Essence de l’Homme, l’Homme vit l’évènement essentiellement, donc il enlève à l’évènement la fortuité existentialiste, pour lui donner le caractère absolu, transformationnel, qui lui donne inévitablement une conscience nouvelle. Donc sa souffrance n’est plus comme dans le passé, une souffrance purement expérimentale, pour le bénéfice de sa mémoire; elle devient une souffrance transformationnelle pour le bénéfice de sa conscience.
FP - Mais au tout début de son expérience de fusion, lorsque l’Esprit prend contact avec l’intellect ou avec l’ego ou avec le mortel, la personne ne doit pas pouvoir identifier l’Esprit; c’est beaucoup trop vague l’Esprit; comment est-ce qu’elle peut identifier un contact?
BdM - Elle identifie graduellement au fur et à mesure que la nature même de ses pensées change. Lorsque l’Esprit prend contact avec l’Homme, il se produit, d’une façon particulière à chaque individu, une identification quelconque avec son Esprit, et ceci se fait sur les plans subtils de l’Esprit donc sur le mental de l’Homme; et avec le temps, l’expérience, l’Homme s’aperçoit qu’effectivement son Esprit, c’est lui sur un autre plan.
FP - Mais est-ce qu’au départ il ne va pas lui donner d’autres étiquettes?
BdM - Oui, parce qu’au départ, l’Homme n’étant pas encore parfaitement en contrôle de son expérience, n’étant pas encore parfaitement assis sur le vaste domaine du relationnel entre son esprit et lui-même, il est obligé de prendre un certain temps pour s’ajuster. Et c’est cet ajustement-là qui amène l’Homme à dépasser les voiles spirituels, parce que l’Homme a tendance à spiritualiser son contact, ou le contact avec son Esprit, et cette spiritualité fait partie naturellement de l’émotivité dans son mental. Et avec le temps, il dépasse cette condition spirituelle, et inévitablement la fusion grandit, inévitablement le choc devient plus intense; la rébellion de l’Homme se fait de plus en plus profonde, et lorsque l’Homme est arrivé à un très très haut niveau de fusion, il est capable de se rebeller contre son Esprit.
Mais lorsqu’il se rebelle contre son Esprit, ce n’est pas contre son Esprit qu’il se rebelle, il se rebelle contre les outils utilisés par son Esprit, qui sont les évènements et les pensées. Donc à ce moment-là, il épure énormément son corps émotionnel, il transforme énormément son corps mental et éventuellement il devient très lucide. C’est-à-dire qu’il est capable de capter, instantanément, la relation entre lui et son Esprit, l’intention de son Esprit. Et quand l’Homme est capable de capter l’intention de son Esprit, il est dans son Esprit, il y a une fusion entre lui et son Esprit; il y a automatiquement chez l’Homme le développement d’une conscience universelle, qui est proportionnelle à l’évolution de son Esprit.
FP - Maintenant, quant à vous, Bernard, vous n’avez jamais été très éloquent concernant votre propre expérience dans ce domaine-là. En conférence, je vous ai rarement entendu faire le récit de ce que vous avez vécu personnellement, comment vous avez vécu cette fusion? Est-ce que vous avez souffert vous-même?
BdM - Oui, j’ai souffert énormément; j’ai vécu ce que j’appelle le martyr mental, c’est-à-dire que j’ai vécu à la limite de mon mental, pendant quatorze années. J’ai vécu pendant quatorze années la lutte entre mon ego et mon Esprit. Mais étant supporté par mon Esprit, autrement dit ayant un corps mental suffisamment solide pour supporter le choc de mon Esprit, je pouvais pendant des années constamment mettre mon esprit à l’épreuve. Mettant mon Esprit à l’épreuve, ça me permettait, inévitablement, d’en arriver un jour à corriger la différenciation entre mon Esprit et mon ego. Si je mettais mon Esprit à mon épreuve, autrement dit si mon Esprit fait partie de moi, si mon Esprit, c’est mon Essence, je peux faire ce que je veux avec le matériel de vie que me propose mon Esprit, expérimentalement, pour la transmutation de mes corps.
OK, mon Esprit se décide, à un certain moment de mon évolution, de fusionner avec moi, avec le mortel, avec mon corps physique; bon ça, ça fait partie de la décision de l’intention de mon Esprit.
Mais moi, moi, Bernard de Montréal en chair et en os, l’Homme qui possède un système nerveux, l’Homme qui a des limites sensorielles, l’Homme qui a une très grande sensibilité, l’Homme qui est réceptif à cette énergie, qu’est-ce qu’il va faire, lui?
Il va se laisser martyriser par son Esprit. Alors, selon le pouvoir de son Esprit, selon le pouvoir de mon Esprit, je pouvais supporter un certain martyr, mais…
FP - C’est là, que s’installe la révolte dont vous aviez fait allusion?
BdM - C’est là que s’installe la révolte; donc, éventuellement, la révolte s’est installée, parce qu’éventuellement au cours des années, je vous assure que j’ai perdu ma spiritualité; je suis rentré dans une conscience objective de l’irréel, ou de l’irrationnel, ou de l’invisible. Donc, avec le temps, j’ai commencé à reconnaître les signes avant-coureurs de la précédence de ma relation avec mon Esprit. J’ai commencé à réaliser que l’Homme n’est pas sur la Terre pour son Esprit, mais que l’Esprit est pour l’Homme, j’ai commencé... et de temps à autre, je communiquais avec mon Esprit dans une lutte mentale et je disais à mon esprit : “écoute, moi, je ne suis pas ici pour subir ta présence en moi d’une façon interminable et dans la souffrance; je suis ici pour éventuellement équilibrer ta présence en moi pour que toi et moi ensemble, nous puissions faire, sur le plan matériel, quelque chose”.
Et lorsque j’ai saisi ceci, ceci m’a pris un certain nombre d’années, au moins sept, huit années, quand j’ai saisi ceci, j’ai commencé à être et à vivre à la fine pointe de mon intelligence, non pas de mon Esprit, à la fine pointe de mon intelligence créative. Et c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à arracher, à mon Esprit, les secrets de sa domination, les secrets de sa présence, les secrets de son évolution, les secrets de l’évolution du cosmos, les secrets de la mort, les secrets de tout ce qui fait partie du monde de l’Esprit.
Et à partir de ce moment-là, j’ai réalisé que l’Homme, l’Homme nouveau, possède en lui une clé qui n’a jamais été révélée par l’Esprit à l’Homme, mais que l’Homme devait arracher à l’Esprit. Afin de s’instruire de sa relation avec l’Esprit, afin de ne plus être assujetti à l’Esprit comme il le fut pendant l’involution.
Et à partir de ce moment-là, j’ai commencé à sentir ce que c’est que ça veut dire d’être bien dans sa peau; ce que c’est que ça veut dire d’être heureux sur la Terre; ce que c’est que ça veut dire d’être parfaitement dans l’équilibre de l’intérieur et de l’extérieur. J’ai commencé à réaliser ce que nous appelons la fusion, mais non pas dans le caractère occulte de sa définition, mais dans le caractère expérimental de sa finition.
Et après la fusion, je me suis aperçu qu’il y a l’intégration. La fusion, c’est une chose, parce que la fusion, c’est une forme de possession. Les Hommes qui sont inconscients sont possédés par leur Esprit à travers tout le mécanisme de l’âme. Les Hommes qui se conscientisent sont possédés par leur Esprit à travers la spiritualité de l’âme, et l’Homme qui a été éprouvé énormément et durement par son esprit, passe du stage de la fusion à l’intégration.
Et quand l’Homme est arrivé à l’intégration de sa fusion, il devient absolu dans sa conscience, c’est-à-dire qu’il a le pouvoir de vérifier instantanément avec son Esprit la justesse de sa parole, la justesse de son Être. Donc il y a parfaite harmonie entre l’invisible et le matériel; il y a parfaite harmonie entre l’Esprit et le mortel; il y a automatiquement parfaite harmonie dans le processus créatif qui naît de l’activité de l’esprit bien ajusté au mental, bien ajusté à l’émotionnel, bien ajusté au vital et bien ajusté au physique.
Et c’est à partir de ce moment-là que l’Homme commence à sentir qu’est-ce que c’est être un Homme sur une planète. C’est à partir de ce moment-là que l’Homme commence à sentir qu’il fait partie non pas simplement d’une race différente, mais d’une conscience nouvelle. C’est à partir de ce moment-là que le doute n’existe plus dans l’Homme. Et quand le doute n’existe plus dans l’Homme, il explose en lui la conscience du réel qui est manifesté créativement par sa parole et qui est le produit de sa relation étroite avec un Esprit qui ne peut plus le berner.
La conscience créative, ce n’est pas ce que les Hommes spirituels d’aujourd’hui croient; la conscience créative ne vient pas à l’Homme ainsi avec facilité; la conscience créative est le produit de la lutte de l’Homme avec son Esprit pour la conquête du monde de la pensée. Lorsque l’Homme a réussi à conquérir le monde de la pensée, en éliminant, dans la pensée, l’émotion, il s’aperçoit inévitablement qu’il y a une relation parfaite entre son Essence et sa substance, entre son Esprit et son corps matériel; donc il y a intégration, « unitisation » de l’Homme et qu’il y a parfait raccordement entre l’invisible et le matériel.
À partir de ce moment-là, l’Homme commence une nouvelle évolution, et avec le temps, selon les conditions, le bon vouloir, les besoins cosmiques de l’Esprit en relation avec l’évolution d’une race matérielle sur une planète matérielle, les pouvoirs de l’Homme grandissent; l’ego n’est plus là pour bénéficier égocentriquement de ses pouvoirs; il y a canalisation de l’énergie; il y a ajustement entre l’énergie et l’action de l’Homme et il y a inévitablement une science cosmique qui viendra dans le monde manifester le pouvoir de l’esprit sur la Terre. C’est ça qu’on peut appeler le début de la conscience ou de la descente de la conscience supramentale sur la Terre.
Mais la conscience supramentale, ce n’est pas fini. Après la conscience supramentale de l’Homme, il y a la conscience parfaite de l’Esprit de l’Homme à travers le mental ou le supramental humain. Si l’Homme n’a pas conscience parfaite de l’utilisation de la pensée pour le travail dans son mental, il ne peut pas, éventuellement, coordonner son activité à son essence; il ne peut pas bénéficier de son Esprit, il en souffre. C’est pourquoi après la fusion il y intégration, et l’intégration, c’est la finalité. Lorsqu’un Homme est intégré, il n’a plus à rechercher, il n’a plus à comprendre; il parle, il crée, il fait, il dit. Et ce qu’il fait est parfaitement en équilibre; donc il est le résultat de l’activité créative de son Esprit à travers son ego.
FP - Et à partir de quel moment l’Homme peut-il commencer à lever le voile sur le mystère, est-ce que c’est au moment de la fusion ou de l’intégration?
BdM - Non, l’Homme commence à lever le voile sur le mystère à partir du moment de l’intégration, parce que pendant la fusion, l’Homme était mis des voiles; il est mis des voiles sur son chemin, pour qu’il les déchire. L’esprit, dans son intelligence, est obligé de mettre des obstacles pour que l’homme déchire, il met des obstacles pour que l’Homme déchire, il met des obstacles pour que l’Homme déchire, et éventuellement lorsque l’Homme a déchiré, déchiré, déchiré, déchiré, et bien éventuellement il n’y a plus rien à déchirer... Quand il n’y a plus rien à déchirer, c’est l’intégration, et à ce moment-là, il y a un équilibre cosmique entre le planétaire et le cosmos, entre l’Homme et l’esprit, et la volonté de l’Homme et la volonté de l’esprit est la même.
L’intelligence de l’Homme, l’intelligence de l’Esprit se fondent et l’Amour de l’Homme et l’Amour de l’Esprit deviennent UN. Donc à ce moment-là, l’Homme bénéficie des trois principes cosmiques qui font partie de son Essence : l’Amour, l’Intelligence et la Volonté. Mais il ne souffre plus de l’Intelligence, il ne souffre plus de la Volonté et il ne souffre plus de l’Amour.
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Deuxième Partie
FP - La deuxième partie de cet enregistrement devrait permettre à l’Homme de se situer face au travail initiatique, face à la parole de Bernard de Montréal qu’il faut comprendre en fonction de la vibration et non de la forme.
BdM - Puisque je vous parle en tant qu’initié, c’est-à-dire que, puisque je vous parle en fonction d’une conscience qui est, sans aucune restriction, le produit de l’activité de mon Esprit sur mon ego, ce que je vous dis quand je vous parle, il faut que vous le laissiez pénétrer lentement. Il ne faut pas que vous essayez de comprendre ou de vous situer personnellement vis-à-vis ce que je vous dis. C’est jamais ce que je vous dis qui compte pour le moment; pour le moment, ce qui compte, c’est que je vous parle. Si vous prenez ce que je vous dis à la lettre, si vous essayez de comprendre de vous situer vis-à-vis ce que je vous dis, en fonction de votre psychologie, c’est évident que vous ne pourrez pas en arriver un jour à saisir les nuances subtiles de votre propre Esprit avec votre propre ego.
Ce que vous allez faire, c’est que vous allez développer des attitudes philosophiques quelconques, des mécanismes psychologiques quelconques, en relation avec ma parole. Ma parole, c’est un couteau à deux tranchants; je ne montre jamais par ma parole ce que je veux dire; c’est jamais dans ma parole que vous découvrirez ce que je veux dire; c’est jamais dans ma parole que vous pourrez comprendre ce que je veux dire.
La parole d’un initié, c’est comme de l’eau qui tombe un petit peu partout. Des fois il y a une goutte d’eau qui tombe à un point sensible du terrain pour faire pousser de l’herbe. C’est pas comme l’eau qui descend d’une « champlure » (robinet) concentrée dans un espace, c’est totalement diffus, c’est totalement vibratoire. C’est pas catégorique, c’est pas cartésien, c’est pas philosophique, c’est pas psychologique, c’est pas spirituel, c’est totalement occulte, c’est-à-dire que c’est totalement voilé.
Donc quand je m’adresse à vous autres dans des conférences où je semble soulever des aspects de la vie, des comportements humains vis-à-vis la vie, des comportements de l’ego vis-à-vis l’Esprit, ce qui compte, c’est pas la forme que prend la parole quand je parle. Ce qui compte, c’est la vibration qui s’installe et qui demain, dans un certain temps, vous amènera à regarder, ou à voir, ou à sentir, ou à percevoir quelque chose en fonction de votre propre expérience qui peut-être n’a rien à faire avec ce que je dis ce soir ou dans telle ou telle conférence; c’est totalement vibratoire.
Si vous vous attelez à ce que je dis, surtout dans des domaines subtils, des domaines personnels, dans des domaines qui conviennent à votre expérience et que vous prenez la soupe pour la saveur, c’est évident que vous ne pourrez pas absorber ce que je dis; vous allez faire des erreurs, vous allez vous créer des contraintes.
Quand je vous parle, j’sais pas pourquoi ce que je vous parle; je sais pourquoi ce que je vous parle; j’sais pas ce que je vais vous dire, je le sais quand je vous le dis; donc, automatiquement, je réfléchis instantanément pour un besoin qui est quelconque, qui est occulte, que je sais si je me le demande, que je peux étudier si je le veux, que je peux expliquer si c’est nécessaire, mais qui ne réfléchit pas le besoin chez vous de le comprendre d’une façon didactique.
Plus je comprends la réalité de l’Homme avec la réalité de ce qu’il pense, plus c’est nécessaire pour l’Homme de ne pas s’atteler à la forme et de simplement vivre la vibration. C’est la vibration qui compte, c’est pas la forme. La vibration, elle par exemple, fera dans son temps, dans chacun de nous autres, le travail qu’elle doit faire, c’est-à-dire, elle ouvrira des portes à la compréhension de l’ego vis-à-vis son propre Esprit; c’est la vibration, c’est pas la forme.
Alors je vous le dis, parce que quand je parle en fonction d’un terrain d’expérience, qui est personnel, qui est subtil, qui est extrêmement varié, qui n’est pas catégoriquement joint à une doctrine, à ce moment-là, c’est à vous autres de prendre ça ben aisé, et de ne pas vous impliquer psychologiquement dans ce que je vous dis, pour vous autres c’est ben important ça...
La seule chose, que je peux vous dire, c’est que je sais ce que je dis, c’est assuré, mais ce que je dis, où ça va tomber, que c’est que ça va faire, ça, ça fait partie de la vibration; ça, ça fait partie du travail initiatique. Ça fait partie de ma capacité de révéler des aspects des voiles de la conscience planétaire de l’Homme, que l’Homme comprendra, vivra, dans son temps.
Sans ça, vous allez devenir toute croche; il ne s’agit pas pour vous autres de devenir croches; il s’agit pour vous autres de devenir de plus en plus réels. Et le réel ne convient pas à l’ego; le réel ne fait pas partie de l’ego; le réel traverse l’ego. Un jour vous comprendrez ça, que le réel traverse l’ego; il ne convient pas à l’égo, le réel ne convient jamais à l’ego, il ne conviendra jamais à l’ego, le réel, parce que le réel fait partie du monde mental de l’Esprit, il ne fait pas partie du monde réflectif de l’ego.
L’évolution d’une race vers une autre, la transition d’une race vers une autre, l’intégration d’une nouvelle race, la conscientisation de l’Homme, sur la Terre, nécessite la restructuration du sol à l’intérieur duquel l’Homme a vécu pendant des millénaires; on n’a pas de choix… Alors ce qui caractérise l’Homme nouveau, l’Homme de demain, c’est sa capacité d’en arriver, un jour, à être d’abord lucide et avoir la volonté pour exprimer sa lucidité. Tout le reste, c’est une forme ou autre d’affabulation de l’ego.
On vit à la fin d’un âge, on vit à la fin d’une période. Ce qu’on a pensé pendant la période antécédente ne vaudra plus demain. Non pas parce que c’est pas bon ce qu’on pense, mais parce que demain on sera autre chose. Demain l’Homme sera autre chose; il commence déjà à être autre chose. Demain l’Homme vivra à partir du front; il ne vivra plus à partir du plexus solaire; il utilisera simplement le plexus solaire pour performer certaines actions.
Donc l’Homme vivra à partir du front. Et quand l’Homme vivra à partir du front, sa conscience sera différente, donc sa vie sera différente, donc les conditions, les qualités, les aspects philosophiques, psychologiques, de sa vie seront autres; il n’y en aura plus de philosophie dans sa tête; il n’y en aura plus de psychologie dans sa tête… Il y aura simplement, dans sa tête, de la volonté et de l’intelligence pure. On gravite lentement vers ça, malgré nous-mêmes.
Donc ce que je vous dis, surtout quand je traite de sujet délicat, c’est pas pour vos deux oreilles; c’est pour votre Esprit, pour réveiller en vous, pour faire vibrer en vous votre Esprit, qui en conséquence fera vibrer votre ego. L’Esprit, c’est télépathique; l’ego, c’est rébarbatif. C’est toujours rébarbatif l’ego, ça l’a toujours été, pis ça va l’être tant que l’Homme ne sera pas arrivé dans un niveau de conscience supérieur. L’ego, c’est rébarbatif... On veut vivre une conscience universelle; on veut vivre une conscience globale, totale, perfectionnée, et en même temps on veut bénéficier du soulagement psychologique qu’on se donne égoïstement vis-à-vis cette conscience-là, c’est une illusion! C’est une illusion !
Vous ne pouvez pas mystifier la pensée indéfiniment, un jour ou l’autre, elle va se démystifier la pensée, pis quand elle va se démystifier, la pensée, vous allez vivre, au niveau de votre Volonté et de votre Intelligence, d’une façon différente que vous vivez aujourd’hui. En attendant vous pouvez la mystifier votre pensée, ça fait partie de vos attributs, mais un jour vous ne pourrez plus la mystifier, votre pensée.
Autant, aujourd’hui, vous avez un centre d’intériorité égoïque, autant, un jour, vous ne l’aurez plus... L’Esprit, c’est la puissance de l’Homme, c’est la puissance dans l’Homme; l’ego n’est qu’une lentille. Aujourd’hui on pense que l’ego, c’est l’Esprit; l’ego n’est pas l’esprit. L’ego, c’est l’ego, l’Esprit, c’est l’Esprit. Y’a une partie qui est cosmique, y’a une partie qui est planétaire.
Donc, dans l’instruction initiatique, que l’Homme reçoit, il y a effectivement des aspects qui sont au-delà de la réalisation de l’ego, et ça, ça fait partie du travail initiatique de l’Esprit à travers l’Homme, pour la conscientisation de l’ego à travers les expériences de l’Homme. L’Esprit n’enseigne pas à l’Homme, l’esprit instruit l’Homme.
Instruire veut dire corriger les aberrations de l’intellect, corriger les aberrations de l’ego intellectualisé, corriger les aberrations du mental inférieur, c’est ça instruire; enseigner, c’est amplifier les aberrations de l’ego. Plus l’Homme va avancer sur la Terre dans sa conscience, plus il va se transformer, donc plus il vivra différemment demain qu’il vit aujourd’hui.
Donc, les conditions aujourd’hui qui sont pour lui inévitablement correctes dans un certain sens, ou sérieuses dans un certain sens, ou pleines de conséquences dans un certain sens, demain elles ne le seront plus, selon l’âge, selon le tempérament, selon le caractère, selon l’évolution, selon la souffrance, selon l’expérience, selon la Volonté, selon l’Intelligence, selon la fusion, selon l’intégration de la fusion. Ce qu’on pense aujourd’hui, demain on le verra différemment, et ce qu’on pensera demain on le verra encore différemment après-demain. C’est ça la transmutation du corps astral de l’Homme, du corps mental inférieur de l’Homme.
Ce que je vous dis, attachez-y pas d’importance; si vous y attachez de l’importance, vous développerez des attitudes. Mais ce sont des façons pour moi de vous indiquer, dans le temps, que quand vous serez arrivés à la fourche de l’expérience, il y aura une droite ou une gauche à prendre, et vous devrez savoir si c’est la droite ou la gauche à prendre.….
…..
….. et de vous faire plaisir, je ne peux pas me complaire à vous parler pour vous enseigner; je peux pas me complaire pour vous parler dans le rythme normal de votre propre intellect. Je suis obligé de vous parler comme je vous parle. Vous êtes libres de le prendre ou de ne pas le prendre. Mais ça ne change rien dans ma vie que vous le preniez ou que vous ne le preniez pas. Ce qui est important, c’est que ça soit parlé. Un jour, si vous réalisez certaines choses, ben à ce moment-là, ben, vous comprendrez, en fonction de la vibration de ce que j’aurai dit, mais non pas en fonction de la forme. La forme, c’est simplement un transport pour l’énergie.
Je suis occulte, je ne peux pas parler, pas occultement; je suis occulte, tout ce que je dis, c’est occulte. Autrement dit, tout ce que je dis, ça se comprend pas, la plupart du temps. Mais c’est justement parce que ça se comprend pas la plupart du temps que ça se comprend demain. C’est ça, occulte, voilé, caché… Faque essayez pas de rendre concret ce qui est occulte; essayez pas de l’adapter à votre condition aujourd’hui, y pourra pas s’adapter. Vous avez pas la même longueur de pied aujourd’hui que vous aurez demain, sinon, ça ne sera pas les mêmes souliers.
Mon travail, c’est fondé sur la création dans l’Homme, dans l’ego, d’un certain choc. Je parle, donc je crée des chocs. Les chocs sont plus ou moins grands selon votre capacité de les absorber sans mettre votre pied dans votre tête. On dirait que l’Homme ne réalise pas l’importance, dans la vie, de vivre, il sait, il sait... c’est important vivre, ça donne quelque chose de vivre et ainsi de suite.
Avez-vous remarqué que quand vous n’êtes jamais sorti de votre pays pis que vous allez dans un pays étranger, ça vous change un petit peu, t’sé ça change… Le premier voyage que vous avez fait dans votre vie là, en dehors de votre région natale, ça change... Bon, ben imaginez-vous que chaque pays que vous faites, ça vous change de même. Chaque expérience que vous vivez, ça vous change de même. Donc un Homme qui est capable de bénéficier, ou d’apprécier le changement qui est créé par les impressions quand y vit, pis y vit, pis y vit, ben à ce moment-là, il passe son temps à créer des impressions, à se donner des impressions, y passe son temps… la vie, c’est ça; la vie sur la Terre, c’est ça; que ce soit dans un domaine ou que ce soit dans un autre domaine, la vie, c’est créer des impressions pour se nourrir mentalement, se nourrir émotivement, même se nourrir vitalement et physiquement; c’est ça, la vie.
Aujourd’hui c’est rendu qu’on va voir des films… Ah « Indiana Jones », tout le monde va aimer ça « Indiana Jones », « in The Temple of Dooms », ça marche là-dedans, comprends-tu, le gars, il l’a le « guts » (cran), pis « enwoye donc » (vas-y), c’est le fun, ça roule. Tu sors de là, t’es déprimé, t’es excité un petit peu là, parce que t’es encore dans la vibration astrale, pis après ça là, haaa… C’est comme les gars qui vont voir Bruce Lee, t’sé… tant qu’ils sont dans le théâtre avec Bruce Lee, y sont « safe », mais quand ils sont rendus sur la rue, là, le Bruce Lee y meurt… Ils ne continuent plus à vivre l’intensité vibratoire de l’impression…
Pourquoi?
Parce qu’ils ne sont pas capables de créer… Faque ils vont en créer une fausse… Tu vas sentir toute la violence psychologique autour du théâtre quand tu sors là… Tout le monde veut se garocher les poings pis les pattes… Faut que tu fasses attention comment tu parles au gars… Ça, c’est les générations du moment… y sont pas dangereux ceux-là, t’es étampes vite...
Mais dans chaque être humain, il y a un Homme qui veut prendre forme; il y a un Homme qui veut se manifester; il y a une Femme qui veut se manifester. Il y a un Être qui veut se composer, et se recomposer, et se recomposer. Et si vous n’apprenez pas dans votre vie, à vous recomposer, quand bien même vous viendriez dans mes conférences pendant toute votre vie, ça ne donnera rien, parce que vous n’aurez pas compris le principe fondamental de la vie mortelle : c’est d’exercer le plus possible le pouvoir de l’Esprit dans la matière.
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Troisième Partie
FP - Les femmes, le couple, etc., la famille…
BdM - Je crois que le couple, comme tout, la matière, comme la forme, sera muté; il y aura transmutation à tous les niveaux. C’est inévitable puisque l’Homme sera de plus en plus imbu d’Esprit, donc il y aura transmutation de la forme. Et je crois que le couple, que nous connaissons, que nous avons connu dans le passé et qui était fondé sur l’insécurité, qui était fondé sur un amour subjectif, personnel, qui était fondé aussi sur certaines règles du jeu, comme nous connaissions il y a vingt-cinq ans dans la relation entre le mariage et l’église, ainsi de suite, le couple sera transmuté. C’est-à-dire que les individus, dans ce temps-là, vivront le couple non plus en fonction d’une insécurité émotive, mais en fonction de leur Esprit.
Donc, l’individu, l’homme et la femme, étant tous les deux dans leur Esprit, c’est-à-dire dans leur intelligence créative, ayant connu la synthèse de leur émotion et de leur mental, de leur intellect, seront capables de vivre une alliance que nous appelons le couple, mais une alliance qui sera forte, qui sera un roc, qui ne sera plus assujettie aux forces extérieures, mais qui sera une composante intégrale du pouvoir créatif de l’homme et de la femme, et ça, tant que ces deux Êtres seront sur le plan matériel.
Autrement dit, le couple dans l’avenir, je le vois comme étant une nouvelle redéfinition de l’alliance entre l’homme et la femme, mais cette fois cette alliance sera le produit de la gestion du matériel créatif de l’homme et la femme, et non plus le produit de l’approbation sociale, ou l’orientation sociale, ou la volition sociale, afin de permettre que la société soit régie sur le plan de l’expérience par des paramètres qui stabilisent son économie politico-sociale.
Le couple sera totalement internisé, c’est-à-dire que le couple sera quelque chose de créé par l’homme et la femme, pour l’homme et la femme, et non pour la société. Mais il y aura automatiquement un bien-être social qui résultera de cette nouvelle redéfinition du couple, parce qu’à ce moment-là, le couple ne sera plus sujet aux crises qu’il a connues dans le passé. Donc le couple sera beaucoup plus stable, il sera beaucoup plus beau; il sera, dans un sens, cosmique. C’est-à-dire qu’il sera réel.
FP - Donc un échange se ferait vibratoirement au niveau de l’Esprit plutôt qu’en faisant entrer des composantes émotionnelles.
BdM - Voilà!
FP - Est-ce qu’il peut en être de même en rapport avec les gouvernements, les pays, les races, etc. est-ce qu’il est possible d’avoir des échanges à ce niveau-là qui soient ceux de l’Esprit plutôt que…
BdM - Ce sera la même chose, parce que l’Esprit est une force cosmique, est une force dans l’universel qui pénètre tous les aspects de la vie d’une planète. L’Esprit, ce n’est pas simplement quelque chose qui se manifeste sur le plan de l’individu, c’est quelque chose qui passe par l’individu, mais qui a des retombées incroyables à une échelle infinie, et éventuellement les gouvernements seront affectés par cette énergie, et nous verrons dans les gouvernements, des individus ressortir de la grande masse politique et commencer à redéfinir l’option de l’Homme, commencer à regarder l’horizon de l’Homme, et à projeter, dans la vie politique, des plans, des modèles de vie qui aujourd’hui nous apparaîtraient comme étant absolument impossibles.
Mais je crois que pour que ceci se fasse, il sera nécessaire que l’Homme vive sa crise jusqu’au bout, et c’est pour ça que je dis que cette nouvelle redéfinition du politique, cette nouvelle redéfinition de la société en fonction de l’énergisation du mental de l’Homme se fera après la crise. L’Homme devra payer le prix de la crise, pour bénéficier du pouvoir de l’Esprit, tant sur le plan individuel que sur le plan collectif.
FP - Alors, à travers cette crise évolutive douloureuse mais nécessaire, peut-être même salutaire, il y a donc remise en question perpétuelle de tous nos systèmes de valeurs, de nos systèmes philosophiques de pensées, systèmes économiques, sociaux, religieux, etc. et il y a également, certainement pour l’Homme, un seuil de souffrances qui va lui être intolérable, imposée et intolérable.
N’y a-t-il pas une façon ou un moyen pour l’Homme de traverser intelligemment cette fin de cycle là et de neutraliser, ou de temporiser en quelque sorte la souffrance?
BdM - C’est une question intéressante, je ne crois pas; je crois que la crise, elle est essentielle pour que pénètre l’Esprit dans l’Homme; pour qu’il y ait chez l’Homme un changement, il faut qu’il y ait une souffrance, un certain seuil de souffrance. Je ne suis pas de type optimiste, dans ce sens que l’Homme puisse passer à travers cette crise sans souffrir.
Je crois que l’Homme sera obligé de la vivre de façon intense, selon son individualité, selon son stage d’évolution, son niveau d’évolution, sa maturité… et je crois que les nations les plus fortes, les systèmes les plus forts, les plus en santé, dépasseront les conditions difficiles de cette crise. Et nous savons très bien dans le cadre de la biologie par exemple, de la génétique, que ce sont toujours les systèmes les plus en santé qui réussissent à continuer leur évolution.
Et sur le plan de l’Esprit, sur le plan de la gestion du matériel humain, sur le plan de la gestion de la société, je crois que ce sera la même chose. Il ne faut pas se leurrer, mais nous devons savoir, et c’est ici qu’entre en jeu l’importance de la psychologie et l’importance de l’éducation.
Nous devons savoir profondément qu’il y a des réponses à la crise; qu’il y a des réponses à cette mutation; qu’il y a des réponses à cette question profonde de l’Homme : où va-t-il, où les évènements vont-ils l’amener? Et ces réponses sont enfouies dans le sol de sa conscience primitive, et elles doivent être déterrées. Et l’Homme pourra déterrer ces réponses s’il se donne la chance de regarder devant lui au lieu de continuer, de façon enfantine, à fonder son avenir sur son passé.
L’Homme doit regarder dans l’avenir avec une vision nouvelle, les écailles doivent tomber de ses yeux, afin que son Esprit soit plus en position de donner à son intelligence de la clarté. Mais si l’Homme, au niveau de son ego, de son intellect, se refuse d’absorber les nouveaux rayons de cet Esprit qui essaient de pénétrer son intelligence, il est évident qu’il souffrira, parce qu’il fondera son expérience présente sur sa mémoire. Il verra des clichés sombres, il se nourrira de pensées sombres, et automatiquement son émotivité aggravera la situation.
Et sur le plan collectif, ceci pourra facilement mener à une névrose, à une contagion sociale, à une déprogrammation psychologique sociale, de sorte que l’Homme trouvera dans la terreur, trouvera dans la dissolution rapide et animale de son système de vie, la réponse optée, et ce ne sera pas là ! Ce ne sera pas dans le terrorisme des idées, ce ne sera pas dans le terrorisme de l’armement, ce ne sera pas dans le terrorisme de l’activité intellectuelle contre l’Homme, qu’il pourra découvrir la réponse à son avenir.
L’Homme sera obligé de prendre possession de ses sens, c’est-à-dire possession de son Esprit; il sera obligé de regarder en face les évènements et réaliser que les évènements tels qu’ils sont aujourd’hui sur la Terre ne sont pas simplement le reflet de son activité, mais ils sont le reflet de l’activité de l’Esprit à travers son intellect primitif. Et lorsque l’Homme aura réalisé ceci, lorsqu’il aura compris que son intellect, qu’il croit être son Intelligence, n’est pas aussi intelligent qu’il le croit, il commencera à comprendre quelque chose, et là, il se donnera la peine de s’asseoir, de réfléchir, et de prendre conscience; l’Homme doit prendre conscience, c’est-à-dire qu’il doit commencer à toucher du doigt ce qui dans le passé a toujours été refoulé, ce qui a toujours été emmuré dans les tabous.
L’Homme doit prendre conscience que la vie, c’est la puissance, la vie, c’est puissant. Et lorsque la vie passe à travers une forme, qu’elle soit sociale ou individuelle, elle crée un raz de marée. Ce raz de marée, c’est la crise, et ensuite vient un autre cycle. Donc je ne crois pas que l’Homme vivra la fin du cycle assis sur son balcon sans broncher. Je crois que l’Homme verra des choses, il sera obligé de voir des choses, sentir des choses, et voir jusqu’à quel point il a été idiot.
Et tant que l’Homme ne réalisera pas qu’il a été idiot, il ne pourra pas commencer à comprendre ce qu’est l’Intelligence. Parce que, comme je dis, l’Intelligence créative, ce n’est pas de l’intellect. Il y a une marge infinie entre ce que nous considérons de l’Intelligence créative et ce que nous connaissons comme étant de l’intellect; il y a une marge infinie et cette marge sera connue, investiguée, comprise, au fur et à mesure que l’Homme vivra cette transmutation émotive et cette transmutation mentale.
FP - Et alors, l’après-crise, l’après-crise ou la genèse d’un monde nouveau, comment voyez-vous ça?
BdM - L’après-crise, je la vois comme la restructuration mondiale sur le plan de la politique.
Je la vois comme l’effort inexorable, inévitable, et essentiel, de tous les gouvernements de se regrouper dans une mentalité politique nouvelle.
Je la vois comme étant une phase où le nationalisme obscurantiste, que nous connaissons, aura été éliminé. Je la vois comme étant une phase où il y aura eu synthèse entre la Russie et les États-Unis.
Je la vois où il y aura eu une réorganisation des priorités.
Je la vois comme étant une phase où l’Homme de la rue, la masse, sera suffisamment averti, suffisamment fatigué, suffisamment atterré, par les conditions incontrôlables qui auront été déclenchées par les forces sociales, et qui, automatiquement, forceront l’Homme à regarder d’un œil perspicace les intentions, les mouvements, la gestion de ses affaires par les gouvernants. Les gouvernements, ou le gouvernement mondial, qui viendra après cette crise, sera sûr, c’est-à-dire que les masses auront compris la vertu de ce gouvernement, parce qu’ils auront compris le manque de vertu de leur propre gouvernement.
Donc, je vois l’après-crise comme étant un âge nouveau, où la guerre n’existera plus, parce qu’il n’y aura plus dans l’Homme suffisamment de forces anti-Hommes. Ces forces auront été clairées (nettoyées) par la souffrance, et c’est pour ça que je dis que la souffrance est nécessaire, parce que c’est cette énergie dans l’Homme, qui sur le plan social et aussi sur le plan individuel, éliminera en lui l’animalité obscure, obscurantiste, primitive, égoïste et nationaliste, que nous connaissons aujourd’hui, qui terrorise les masses, qui donne le profit à certains monopoles, à certaines grandes puissances et qui empêchent que nous ayons, sur la Terre, une géopolitique inébranlable, c’est-à-dire une géopolitique dont la dynamique, elle est planétaire et soutenue par des courants culturels, raciaux, nationalistes, mais intelligents au lieu de purement égocentriques.
FP - Alors on pourrait dire que la crise aura eu pour effet de développer le discernement?
BdM - Justement, la crise aura eu pour effet de développer le discernement; elle aura eu pour effet de forcer l’Homme à reconsidérer, à regarder, une fois encore, mais avec des yeux nouveaux, la comptabilité, sa gestion. Et l’Homme aura tellement souffert dans cette crise, et je ne crois pas que ce que nous vivons aujourd’hui est la fin; l’Homme aura tellement souffert dans cette crise qu’il voudra le repos; ce sera le repos du guerrier.
FP - En attendant, la situation de l’Homme, c’est une sollicitation permanente pour différents mouvements ou pour différentes religions, différents systèmes philosophiques, qu’il est charrié d’un mouvement à l’autre, et il perd l’équilibre, il vacille, c’est un vertige qui frôle la mort pour l’homme…
BdM - Exactement…
FP - Et il y a de plus en plus de cas de suicides, de plus en plus de cas de dépressions, quelles sont les forces qui sont sous-jacentes à ces états dépressifs?
BdM - Ce sont les forces de l’Esprit. Ce sont les forces de l’Esprit qui forcent l’Homme à reconsidérer sa position, qui forcent l’Homme à regarder d’une façon nouvelle la gestion de son patrimoine. Ce sont des forces qui passent à travers, comme vous le dites, différents mouvements, différentes sectes, différents circuits politiques.
Il y a des Hommes, naturellement sur la Terre, qui ont multes options, qui s’intéressent à telle chose, d’autres Hommes qui s’intéressent à telle chose, et toutes les choses, quel que soit leur nom, quelle que soit leur dénomination, quelque soit leur option ou leur orientation, font partie de l’expérience de l’Homme.
Je suis absolument convaincu qu’aujourd’hui sur la Terre, la race humaine vit ce que j’appelle une conscience expérimentale; elle ne vit pas une conscience créative. L’Homme vivra une conscience créative après la fin du cycle, et la conscience expérimentale, que nous connaissons aujourd’hui et qui a été l’expérience de l’Homme pendant des millénaires, sert simplement à une chose, à perfectionner ses mécanismes, c’est-à-dire les principes qui constituent sa corporalité matérielle et sa corporalité invisible, c’est-à-dire sa vitalité, son émotivité et sa mentalité.
Donc l’Homme a vécu une conscience expérimentale; il a été forcé, dans un certain sens, à demeurer aveugle; il y a eu des impressions crées dans son mental par des forces, qu’il ne connaît pas encore aujourd’hui, qui sont encore très obscures, des forces très intelligentes, qui ont réussi, au cours des siècles, à amener l’Homme à la fin du vingtième siècle à l’apothéose de la composition organique, à l’apothéose de définition mentale, émotive et vitale, autrement dit, à la totalisation de sa possibilité en tant qu’Être humain terrestre.
Et je crois qu’à la fin du cycle, après la crise, cette dernière grande crise, l’Homme sera prêt à recommencer son évolution, c’est-à-dire à réellement comprendre qu’il est sur la Terre pour son bien-être, qu’il est sur la Terre pour parfaire son intelligence et de se donner la chance de créer, ce qui dans le passé était impossible, parce que dans le passé son intellect était trop... je dirais... alourdi par des formes dont il ne connaissait pas les lois.
Donc, l’Homme ne connaissant pas son Esprit dans le passé, il était obligé de vivre son Intelligence le mieux possible, tandis que demain l’Homme connaîtra son Esprit, c’est-à-dire qu’il sera capable de faire la synthèse de cette énergie sur le plan mental, et de diriger à sa volonté, selon sa volonté et sa vision, l’évolution future de son humanité.
FP - Alors ça revient à dire que toute cette condition involutive, par laquelle est passé l’Homme à travers différentes civilisations, avait quand même un objectif, mais la notion de progrès telle que les modernes se la représentent, c’est une ascension permanente. Les ésotéristes perçoivent ce progrès, au niveau de la conscience, et il semblerait que depuis l’apparition de l’Esprit sur la Terre jusqu’à nos jours, on serait plutôt en régression, plutôt qu’en ascension? Comment vous situez-vous?
BdM - C’est-à-dire que les ésotérismes ont tendance à penser à l’Homme d’une façon universelle, et c’est très bien, parce que l’Homme est un Être universel. Et ils ont tendance à penser à l’évolution en termes de progression permanente, ça, c’est vrai dans un sens seulement, dans ce sens que la période, que nous avons connue jusqu’à nos jours, est une période involutive, c’est-à-dire c’était la période qui a permis à l’Esprit de descendre dans la matière, de former les corps physiques et subtils de l’Homme. Mais maintenant que nous entrons dans une nouvelle époque, où ces corps sont formés, nous entrons dans ce que nous pouvons appeler l’évolution.
L’Homme commence maintenant, à la fin du vingtième siècle, son évolution réelle, c’est-à-dire qu’il prend possession de son territoire psychique. Tandis qu’auparavant, l’Homme était esclave de son territoire psychique; il était esclave de ses rêves, il était esclave de ses fantômes, de ses fantaisies; il était esclave de sa pensée subjective, de ses émotions. Tandis que l’Homme de demain ne sera plus esclave de la forme qui constitue la dimensionnalité de son Intelligence, parce qu’il aura connu la synthèse de l’Esprit, autrement dit de cette Énergie créative avec son mental. Donc nous entrons dans une phase qui est effectivement évolutive, et nous sortons d’une phase qui était effectivement involutive.
Mais derrière ces deux phases, il y a eu acquisition de conscience, mais acquisition de conscience, et ceci je le considère comme important, acquisition de conscience non pas pour le bénéfice de l’ego, mais pour le bénéfice des forces intelligentes qui sont sous-jacentes à l’organisation matérielle de l’Homme.
Et c’est pour ça que je dis que l’Homme maintenant doit devenir autonome, centrique, c’est-à-dire un Être capable de gérer ou de faire la gestion, lui-même, pour lui-même, du matériel psychique en lui, au lieu que ce matériel lui soit imposé comme il lui a été imposé par le passé, à travers les philosophies, à travers les religions, à travers les systèmes qui ont changé constamment. Donc l’Homme doit commencer à sentir, sous ses pieds, le roc de la vie, c’est-à-dire le roc de la pensée, c’est-à-dire le pouvoir de la pensée, afin de ne jamais pouvoir regarder derrière lui et dire : bon, il y a cinquante ans, il y a cent ans, nous étions primitifs, nous avons fait des erreurs, nous devons corriger. L’Homme n’a plus le temps de corriger son évolution, l’Homme n’a plus d’énergie à perdre, à corriger et à effacer, sur le tableau de la vie, les choses qu’il a composées.
L’Homme doit être suffisamment intelligent, après la synthèse, après la mutation, pour être capable d’instantanément lire parfaitement les évènements créatifs de sa vie, afin que la science avance à un rythme très rapide, pour que l’homme, éventuellement, soit capable de créer des systèmes parallèles, avec une science qui existe dans le cosmos et qui pourra, éventuellement, rencontrer ou faire liaison avec celle de l’Homme, donnant ainsi à l’Homme une très grande puissance d’investigation des modèles de vie qui existent dans d’autres parties de la galaxie, et lui permettant ainsi de reconnaître les différentes formes de vie, les différentes formes de conscience expérimentales qui existent dans ces mondes, mais qui ne sont pas alourdies par l’impuissance de l’activité de l’Esprit à travers un ego qui a été trop animalisé pendant l’involution.
FP - Bien, alors si on prend pour acquis que cette centricité, qui est à développer chez l’Homme abouti, il me semble, nécessairement vers une sorte d’autonomie. Quel va être le lien entre cette autonomie, cette individualité, et la collectivité, le social?
BdM - C’est une question intéressante, encore une fois; le lien sera très différent. Je ne vois pas l’Homme de demain, l’Homme conscient, l’Homme qui possède toutes ses facultés, l’Homme qui a le contrôle de l’activité psychique en lui, je ne vois pas cet Homme comme étant un Être qui sera assujetti au social. Il y aura une composante sociale, qui sera le produit affirmatif d’une créativité individuelle. L’Homme sera l’Être, le paramètre important dans la société, ce ne sera plus la société qui sera importante.
Ceci ne veut pas dire que la société ne sera pas importante, mais ceci veut dire que le centre de force de l’activité vitale, biomentale sur la Terre, sera dans l’Homme. Et l’Homme, à cause de son pouvoir relationnel, de sa capacité éventuellement télépathique, pourra créer un social qui sera vivant au lieu d’être amorphe, et forcé d’être prisonnier des fortes influences qui circulent à l’intérieur de son médium.
Aujourd’hui, nous savons très bien que dans la société, ou dans le social, il y a des forces qui circulent et qui empêchent le social de réellement exploser dans une composante multidimensionnelle et créative.
Bon, dans l’avenir, je vois que l’Homme, à cause de sa centricité, de son autonomie, ne pourra pas, dans un sens, vendre son âme à la société. Autrement dit il ne pourra pas vendre son âme au diable, autrement dit il ne pourra pas servir deux maîtres à la fois, le mensonge et le réel. Il sera obligé de vivre du réel, parce que le mensonge, c’est-à-dire cet aspect à la fois binaire, de la vérité et du faux, sera éliminé, parce que l’Homme ne vivra plus mentalement de la façon dont nous vivons aujourd’hui.
L’Homme aujourd’hui a besoin de la vérité et du mensonge, pour se former une voie d’accès à un état de mentation suffisamment équilibré pour bien composer avec la vie, mais ça, c’est parce qu’il est encore prisonnier de la mémoire; il est encore prisonnier des formes qui lui ont été imposées par institutionnalisation.
Tandis que l’Homme de demain sera centrique, autonome, il verra, il saura, par lui-même, il n’aura pas besoin d«’aller chercher à l’extérieur, dans les mémoires de l’humanité, ou dans les archives, les éléments nécessaires pour composer avec le social ou avec lui-même, donc il ne sera plus prisonnier de la dualité du mensonge, et automatiquement il sera libre de voir, dans l’expression sociale de son intelligence, des composantes créatives dynamiques qui ne pourront plus retarder sa relation avec le social, et qui ne pourront plus empêcher le social de se métamorphoser constamment et de façon permanente, afin de devenir de plus en plus une société de très haute civilisation permettant à l’Homme, pour la première fois de régir au lieu d’être régi.
FP - Donc dégagé des lois de la polarité, les structures sociales n’auront plus qu’à se plier à son nouveau point de vue, à cette nouvelle alternative…
BdM - Exactement, la société sera alimentée par l’Homme créatif, elle sera alimentée par sa créativité, mais les forces, en elle, à l’intérieur d’elle, qui cherchent en général à épuiser ce qui dans l’Homme est vital, seront impuissantes parce que l’Homme sera trop puissant.
Ce qui est dangereux aujourd’hui, c’est que la société est devenue plus puissante que l’Homme; l’Homme n’a plus de puissance. Souvent nous entendons dire des gens : l’Homme est devenu un numéro.
FP - Moins l’Homme prend de responsabilités, plus le gouvernement est responsable pour Lui…
BdM - Exactement, et le gouvernement n’a pas de choix, parce que le gouvernement ne peut pas voir que sa politique, ou sa fonction de socialiser l’Homme, échoie, c’est normal...
FP - En guise de conclusion?
BdM - En guise de conclusion, je dis qu’il est très important pour les individus dans le monde, pour les Hommes d’intelligence, pour les Hommes de bonne volonté, pour les Hommes qui sont sensibles, intuitifs, de regarder pour la première fois leur nombril. Il est temps que l’Homme commence à regarder son nombril et qu’il cesse de regarder le nombril des autres.
Et quand l’Homme se sera habitué à regarder son nombril, qu’il ne sera plus offusqué de regarder son nombril, qu’il n’aura plus la culpabilité de regarder son nombril, à ce moment-là, il commencera à regarder quelque chose qui est bien et il verra que son nombril, dans le fond, c’est un soleil. Mais tant qu’il n’aura pas appris à regarder son nombril, il aura perdu de vue son individualité. Il est évident que dans le regard du nombril, dans cette expertise nouvelle, il y aura chez lui des erreurs; il fera des erreurs parce qu’il se fixera trop sur son nombril. Mais ceci fait partie de l’expérience. Mais s’il ne commence pas à regarder son nombril, comment voulez-vous qu’il commence à regarder ce qui est en lui, dans sa tête, ce qui fait partie de son esprit, ce qui fait partie de sa réalité?
FP - Et bien, merci beaucoup, Bernard de Montréal!
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